«Tous les engagements maçonniques […] sont contractés sur l’Évangile et spécialement sur le premier chapitre de celui de saint Jean, dans lequel ce disciple bien aimé, éclairé par une divine lumière, a établi avec tant de sublimité la divinité du Verbe incarné. »

L’exclusivisme chrétien du Régime Écossais Rectifié, provient de ses liens privilégiés avec la « Science divine primitive », dont Jean-Baptiste Willermoz eut connaissance par Martinès de Pasqually [1], comme le laisse entrevoir, précisément, le patriarche lyonnais : « …tous les engagements maçonniques […] sont contractés sur l’Évangile et spécialement sur le premier chapitre de celui de saint Jean, dans lequel ce disciple bien aimé, éclairé par une divine lumière, a établi avec tant de sublimité la divinité du Verbe incarné.  C’est sur ce Livre saint que depuis votre premier pas dans l’Ordre vous avez contracté tous les vô­tres. On a voulu par là vous apprendre que la doctrine, la morale, et toutes les vérités voilées sous les symboles maçonniques, sont de tous les temps, de tous les âges, de tous les lieux, et aussi anciennes que le monde, dont l’ère de sa création est si fidèlement conservée dans nos actes ; mais qu’elles ont été propagées et perfec­tionnées par la Nouvelle Loi de grâce et de vraie lu­mière sous laquelle nous vivons [2]

Ainsi, que l’écrit Jean-Baptiste Willermoz à plusieurs endroits de ce rituel de l’Ordre, qui est marqué, non par la théologie surannée et dépassée « datant du XIXe siècle » (sic) [3], mais par celle qui se dégage de l’Écriture elle-même, le peuple d’Israël fut l’objet d’une prévention spéciale, c’est-à-dire d’une « mise à part », unique et incomparable, pour préparer la venue du Messie libérateur, élection qu’il conserva malgré ses coupables égarements et son rejet du Christ.

Notons ici, que l’analyse de Willermoz, est identique à celle exprimée par Martinès dans son Traité : « Si nous considérons Israël, n’y verrons-nous pas les mêmes erreurs et les mêmes crimes que parmi ces premières postérités ? Cependant c’est ce peuple qui a été témoin de la manifestation de toute la justice et de toute la puissance divines. C’est pour lui que le Créateur a déployé toutes ces merveilles, et, malgré cela, il est tombé sous la puissance des démons, et a poussé l’audace jusqu’à répudier le Créateur éternel pour lui préférer de faux dieux. Les restes infortunés de ce peuple prouvent, par leur conduite, les prévarications où sont tombés leurs pères. Le culte qu’ils exercent fait connaître qu’ils ne sont conduits que par de faux principes et par le prince des ténèbres. Ils sont esclaves de la figure du cérémonial de la loi, mais ils ne le sont point de la vérité de leur âme et des lois du Créateur. Ils ne sont assujettis que par la cupidité des biens de la matière. » (Traité, § 120)

Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 85-88.

Notes.

[1] On comprend pourquoi, par ce qui est exposé ici, en quoi Robert Amadou, reconnaissant évidemment les modifications profondes effectuées par Willermoz vis-à-vis de l’Ordre des Chevaliers Maçons élus coëns de l’Univers lors de la création de son système en y écartant sa partie théurgique, affirme néanmoins que le Régime Rectifié : « renferme  les connaissances mystérieuses », et la « science religieuse de l’homme ». (R. Amadou, Préface à l’édition des Les leçons de Lyon aux élus coëns, un cours de Martinisme au XVIIIe siècle, Dervy, 1999, p. 157 ).

[2] Cf. MS 5922/2, 1809, Bibliothèque Municipale de Lyon.

[3] J. Tourniac, Du Judaïsme au Christianisme, Soleil natal, 1995, p. 148.