Frédéric-Rodolphe Saltzmann (1749-1821) disait à Jean-Baptiste Willermoz en 1818 : « La doctrine du Régime rectifié est l’unicum necessarium […] C’est sur ce fondement, sur cette pierre angulaire qu’il est bâti, et qui le préservera de sa ruine aussi longtemps qu’on lui restera fidèle

 

Le but du Régime rectifié est clair, il s’agit de faire surgir de nouveau, comme le voulurent les fondateurs de l’Ordre au XVIIIe siècle, une véritable « école » de sagesse porteuse d’une doctrine, qui a pour nom « doctrine de la réintégration », celle des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine primitive, d’édifier une authentique école de sagesse, cultivant l’intelligence du cœur, comme l’affirmait déjà Camille Savoire (1869-1951) en 1935 : « Que veulent constituer les artisans du réveil du Rectifié ? Un milieu éducatif de culture morale et spirituelle au sein duquel, cherchant à réaliser, par l’enseignement mutuel et l’exemple, leur perfectionnement moral et intellectuel, ils appelleront les élites de tous les milieux sociaux, si modestes soient-ils, dont les intentions seront pures. Ils exigeront que chacun, en y entrant, abandonne à la porte la revendication de ses droits pour n’y songer qu’à l’accomplissement de ses devoirs, à extirper de son être tout sentiment d’égoïsme, développer son intelligence, sa raison et surtout son cœur [1]

L’illuminisme qui est, comme cela fut souvent dit, l’image inversée des « Lumières » de par sa défiance de la raison et sa réserve critique vis-à-vis des capacités de l’humaine nature lorsqu’elle se coupe de la Transcendance à atteindre la vérité, regroupe en son sein diverses sources dont les traces multiples rendent témoignage de la permanente existence d’un puissant mouvement de pensée qui semble provenir des temps les plus reculés.

C’est pourquoi, ne voir dans la Franc-maçonnerie qu’une création anglaise du XVIIIe siècle, c’est, à coup sur, passer à côté de ce qui constitue l’essence même d’une société dont les usages reçurent un cadre juridique et administratif à Londres en 1717 et 1723, mais qui participent de la « Tradition » dans le sens le plus entier, ou, plus exactement, « primitif » de ce terme, qui contribua à l’émergence et au développement de l’illuminisme en Europe,

Ceci explique pourquoi, le seul et unique « guide » visible et invisible, notre « pierre angulaire » absolue et invariante, notre « fondement » essentiel et fondamental, est absolument identique à ce que rappelait Frédéric-Rodolphe Saltzmann (1749-1821) à Jean-Baptiste Willermoz en 1818, et se résume à ceci : « La doctrine du Régime rectifié est l’unicum necessarium […] C’est sur ce fondement, sur cette pierre angulaire qu’il est bâti, et qui le préservera de sa ruine aussi longtemps qu’on lui restera fidèle [2]

Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 78-80.

Notes.

[1] C. Savoire, Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie, 1935, p. 333.

[2] F.-R. Salzmann, Lettre à J.-B. Willermoz, 4 septembre 1818.