« Cette connaissance, véritable communion avec l’âme universelle, c’est la ‘‘Gnose’’. Pour l’acquérir, le Franc-maçon doit maîtriser ses passions, établir un juste équilibre entre ses diverses facultés : raison, intelligence, sensibilité, et les accorder avec le milieu universel réalisant ainsi le ‘‘juste milieu’’ de chacun de nous, c’est-à-dire ‘‘la loi de notre être’’ en conformité avec la ‘‘loi universelle’’.

 

L’étude de l’esprit apprend à connaître l’âme soutenait Camille Savoire (1869-1951), « connaissance » qui ne s’obtient que par l’initiation, cette « connaissance » étant en fait une « communion » intime avec « l’âme universelle » cachée derrière l’apparence des phénomènes matériels, et dont le nom – emblématique et chargé d’une longue histoire sur le plan des doctrines sapientiales et herméneutiques depuis des siècles -, n’est autre que celui de « Gnose », ainsi qu’il l’exprima clairement dans son livre intitulé « Regards sur les temples de la Franc-maçonnerie », qu’il fit publier en forme de « manifeste » de ses convictions en 1935 année où fut « réveillé » le Régime Rectifié en France, tant pour se démarquer des positions de son ancienne obédience engagée dans une dérive matérialiste et étroitement anticléricale, que pour affirmer ce qui pour lui tenait de l’essentiel sur le plan spirituel et initiatique :

        « Avec le philosophe d’Extrême-Orient, je définirai ce spiritualisme que je crois être celui de la véritable Maçonnerie, comme étant basé sur la nécessité d’une Harmonie intérieure de l’homme dans ses facultés et extérieure à lui avec le milieu et l’ambiance dans lesquels il vit. L’étude de l’esprit apprend à l’homme à connaître l’âme, c’est-à-dire la force et la vie intime des choses et des êtres, de l’inanimé comme de l’animé et cette connaissance ne s’acquiert que par l’initiation, c’est-à-dire par l’éducation d’un sens intime, « l’intuition », qui a pour effet d’établir entre le Maçon et la vie universelle une ‘‘véritable communion’’ alors que notre intelligence est souvent faussée par nos intérêts, nos passions et nos préjugés.

      Cette connaissance, véritable communion avec l’âme universelle, c’est la ‘‘Gnose’’. Pour l’acquérir, le Franc-maçon doit maîtriser ses passions, établir un juste équilibre entre ses diverses facultés : raison, intelligence, sensibilité, et les accorder avec le milieu universel réalisant ainsi le ‘‘juste milieu’’ de chacun de nous, c’est-à-dire ‘‘la loi de notre être’’ en conformité avec la ‘‘loi universelle’’.

      Cette loi n’est pas fixe, disait Confucius. Aussi, le Maçon, par un perpétuel effort et un éveil constant, doit conformer ses pensées et ses actes au principe changeant de l’Univers tout en s’efforçant de garantir son harmonie intérieure ! [1]»

Le spiritualisme devenait ainsi sous la plume de Camille Savoire, la définition même de ce devait être à ses yeux la « véritable Maçonnerie », soit une société éloignée des préoccupations mondaines et sociétales, tournée en direction de ce qui élève la conscience vers les régions où souffle « l’Esprit », ce en quoi il pouvait se prévaloir de la longue lignée des « Précurseurs », qu’il désignait comme étant Roger Bacon, Dante, Comenius, John Toland et Descartes, noms ayant été  liés, ou indirectement reliés au courant de la Rose+Croix, qui joua un rôle déterminant entre les XVIIe et le XVIIIe siècles, dans la constitution de la franc-maçonnerie dite « spéculative », en infusant en son sein les idées caractéristiques de cette tendance tournée vers les lumières de la primitive « Révélation ». 

Le Phénix Renaissant, « 90ème anniversaire de la constitution du ‘‘Grand Directoire des Gaules’’, et ‘‘réveil’’ du Régime Écossais Rectifié en France (1935-2025) », n° 10, 2025, p. 78-79.

Note.

[1] C. Savoire, Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie, Éditions initiatiques, 1935, p. 34.