Le même principe de désordre qui nous a fait déchoir de notre poste originel nous poursuit, nous accompagne et nous anime encore dans notre existence dégradée. Comme il nous déguisa la source mortelle de notre égarement, il nous en déguise journellement les fruits et les conséquences. Il ne s’occupe que du soin d’en prolonger la durée, afin qu’en perpétuant notre illusion, il perpétue la puissance de son règne qui, malheureusement pour nous, ne se compose que de nos déceptions et de nos ténèbres.

L’effrayante détermination à l’erreur, pour ceux qui refusent l’obéissance à la discipline morale et spirituelle de l’Ordre, répond à une loi inscrite au plus profond des gènes de la race d’Adam pour une raison que nous expose de manière très claire Louis-Claude de Saint-Martin :

« Le même principe de désordre qui nous a fait déchoir de notre poste originel nous poursuit, nous accompagne et nous anime encore dans notre existence dégradée. Comme il nous déguisa la source mortelle de notre égarement, il nous en déguise journellement les fruits et les conséquences. Il ne s’occupe que du soin d’en prolonger la durée, afin qu’en perpétuant notre illusion, il perpétue la puissance de son règne qui, malheureusement pour nous, ne se compose que de nos déceptions et de nos ténèbres.

Il nous persuada jadis que nous ne tomberions point en suivant ses séduisantes insinuations ; il cherche, maintenant que nous les avons suivies, à nous persuader que nous ne sommes pas tombés et à nous remplir sans relâche du soin vigilant de le persuader à tout ce qui nous environne. Au lieu de nous laisser avouer chacun le signe particulier de condamnation que nous portons et l’espèce de privation qui nous est infligée, il ne nous fait veiller que pour en imposer à nos semblables sur cet important objet.

Et ce soin si actif qui nous absorbe, il a eu l’art de le multiplier à l’infini par les suites de cette dégradation même et par ces cupides multiplicités qui nous dévorent et qui nous voilent d’autant notre misère et les humbles sentiers qu’il nous faudrait suivre pour marcher vers notre régénération [1]. »

Le Phénix Renaissant, « La Science de l’Homme», Éclaircissements sur la double nature, n° 5, 2019, pp. 55-56.

Note.

[1] L.-C. de Saint-Martin, Ecce Homo § III, 1792.