« L’esprit du Régime Rectifié est bien différent de celui des autres ; il éprouve les bons pour les rendre meilleurs ; il élève quelquefois les faibles pour les abandonner à eux-mêmes s’ils deviennent ingrats ; et il méprise les clameurs des présomptueux qui croient devoir être préférés à d’autres, jusqu’à ce qu’ils aient appris, en se repliant sérieusement sur eux-mêmes, que l’amour-propre est le plus cruel ennemi de l’homme. »

Comme il est connu, pour savoir où l’on va, il importe de savoir d’où l’on vient, et de ce point de vue, il convient de ne pas voyager comme des insensés, qui ne savent ni où ils vont, ni ce qu’ils doivent faire, car, comme le dit la sentence littéraire, qui nous évitera de citer un rituel d’au-delà du 1er Grade d’Apprenti : « Il y a bien des chemins sans voyageur. Mais il y a encore plus de voyageurs qui n’ont pas leur sentier.» [1]

Beaucoup s’étant trompés sur l’Ordre, s’en sont ainsi détournés, et sur ce point l’analyse de Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) est d’une finesse extrême : « L’esprit du Régime Rectifié est bien différent de celui des autres ; il éprouve les bons pour les rendre meilleurs ; il élève quelquefois les faibles pour les abandonner à eux-mêmes s’ils deviennent ingrats ; et il méprise les clameurs des présomptueux qui croient devoir être préférés à d’autres, jusqu’à ce qu’ils aient appris, en se repliant sérieusement sur eux-mêmes, que l’amour-propre est le plus cruel ennemi de l’homme, et que tant qu’ils n’ont pas vaincu cet ennemi redoutable, ils sont incapables d’aucun progrès, lors même qu’ils auraient reçus tous les grades possibles […] le plus parfait honnête homme n’est encore qu’une pierre brute tant qu’il n’a pas travaillé à la dégrossir ; rien ne rend un homme plus insociable que la haute opinion qu’il a de lui-même ; l’esprit de prétention loin d’ouvrir aucune porte les ferme toutes ... » [2]

Le Phénix Renaissant, n° 3, « Le devenir du Régime Écossais Rectifié », 2017, p. 70, p. 12.

Notes.

[1] G. Flaubert, Correspondance, à Louise Colet30 janvier 1847.

[2] J.-B. Willermoz, Lettre à Achard, 8 juillet 1804. La lettre se poursuit par ces lignes instructives : « Faites lui relire attentivement l’instruction morale du grade d’Apprenti  […] il y verra que dès le premier pas dans l’O\ on lui a fait un devoir d’apprendre à se connaître intimement ; on lui a fait sentir les dangers de s’ériger juge de son propre mérite, et qu’on lui a appris dès le premier jour qu’il faut se résoudre à souffrir de plus d’une manière pour trouver ce que l’on cherche, et que tous sans exception doivent réaliser cet emblème vrai et important.»