Il se pourrait bien qu’un jour, on soit peut-être autorisé à se demander si l’Ordre, n’aurait pas, pour sa survie, à se séparer et s’éloigner définitivement du « cadre maçonnique », ceci afin de poursuivre la mission spirituelle, initiatique et doctrinale qui lui a été confiée par ses fondateurs au XVIIIème  siècle.

La franc-maçonnerie willermozienne est devenue « l’otage » d’instances « profanes », pseudo-intiatiques, de nature purement « exotérique ».

C’était déjà pour cette raison que Camille Savoire (1869-1951) se sentait proche du discours que tenait Marius Lepage (1902-1972), qui avait compris que les obédiences en étaient arrivées à représenter, finalement, une menace réelle pour l’intégrité et la fidélité de la vie initiatique, au point de considérer qu’il devenait nécessaire de constituer une alternative aux structures administratives et associatives qui s’octroient le droit usurpé de « gérer les Rites maçonniques », pour vivre en dehors de ce cadre factice selon les lois et principes de l’Ordre, car, disait-il : « L’Ordre est d’essence indéfinissable et absolue; l’Obédience est soumise à toutes les fluctuations inhérentes à la faiblesse congénitale de l’esprit humain.» [1]

Cette tendance vers « l’exotérisation profane », jusqu’à la grossière caricature (affairisme, envahissement des domaines sociétaux et politiques, sectarisme, dogmatisme, etc.), s’est plus encore amplifiée à présent, et il est à craindre qu’elle ne perdure, en allant peut-être encore beaucoup plus loin dans la dégradation et déviance, au point qu’il se pourrait bien qu’un jour, on soit peut-être autorisé à se demander si l’Ordre, n’aurait pas, pour sa survie, à se séparer et s’éloigner définitivement du « cadre maçonnique », ceci afin de poursuivre la mission spirituelle, initiatique et doctrinale qui lui a été confiée par ses fondateurs au XVIIIème  siècle ; décision de retrait qui fut celle en son temps, on s’en souviendra, de Johan August Freiherr von Starck (1741-1816), Eques ab Aquila Fulva, pour les mêmes et identiques raisons.

Le Phénix Renaissant, n° 3, « Le devenir du Régime Écossais Rectifié », 2017, p. 70, pp.  7-8.

Note.

[1] M. Lepage, L’Ordre et les Obédiences, Histoire et Doctrine de la Franc-Maçonnerie, Dervy, 1956, p.8.