« Se faire esprit est en fait se rendre peu à peu capable – « concrètement » si l’on peut dire pour une dimension à ce point immatérielle -, de la vie en « Esprit ».

En avançant, avec prudence et lentement à l’intérieur du chemin de l’initiation, l’âme doit progressivement entrer dans la « Lumière », puisqu’en abandonnant les outils et métaux du monde en quittant l’état « profane », elle s’est revêtue des armes de la « Lumière », armes du combat essentiel de nature spirituelle, car  l’homme est né « esprit » et doit redevenir « esprit », mais il ne peut parvenir à ce qui fut son état primitif, représentant « l’heureux terme » des travaux [1], qu’en commençant dès ici-bas à se faire « esprit ».

C’est ce qu’exprime de façon admirable le Philosophe Inconnu :

« Quoique l’homme soit né pour l’esprit, il ne peut cependant jouir des douceurs et des lumières de l’esprit, qu’autant qu’il a commencé par se faire esprit […] à cette fin, lorsqu’il est prêt, la sagesse le transporte dans le séjour de la lumière où il a pris son origine [2]. »

Mais que nous apprend cet extraordinaire “transport”, relativement surprenant et peu commun il faut le reconnaître, dans le « séjour de la Lumière », dont nous parle le Philosophe Inconnu ?

Tout d’abord est révélée dans ce passage notre identité de nature avec « l’Esprit », car se faire esprit est en fait se rendre peu à peu capable – « concrètement » si l’on peut dire pour une dimension à ce point immatérielle -, de la vie en « Esprit ».

Mais ce « transport » nous dévoile également une vérité que l’on pourrait aisément désigner comme étant centrale, portant sur le sens profond de la « Révélation », qui est, dans son déploiement, l’exposé des mystères inscrits dans le secret de la Divinité.

Assurément, le Verbe a voulu, par la forme de sa « Révélation » en venant en ce monde prendre aspect humain en se revêtant d’un corps de chair, se faisant semblable au niveau du composé charnel matériel à l’Adam prévaricateur, nous apprendre à percevoir la « Lumière » de l’Être dans le non-être immédiat de la créature, à mieux comprendre intuitivement l’essence de l’invisible vie cachée dans le néant de la créature, dans la parfaite “désappropriation”, réconciliant ainsi la coïncidence des opposés, en réunissant surnaturellement le « tout » et le « rien ».

Le Phénix Renaissant, « La “réintégration” des êtres dans leur ‘‘ressemblance’’ divine, selon le Régime Écossais Rectifié », n° 9, 2024, p. 73-74

Notes.

[1] « […] tu seras heureux ; tes contemporains te béniront et tu paraîtras sans trouble devant le trône de l’Éternel. » (Cf. Règle Maçonnique, ART. I « Devoirs envers Dieu & la Religion », § II).

[2] L.-C. de Saint-Martin, Le Nouvel homme, § 50.