« C’est en voulant donner à l’Eternel une émanation égale à la leur, ne regardant le Créateur que comme un être semblable à eux, et qu’en conséquence il devait naître d’eux des créatures spirituelles qui dépendraient immédiatement d’eux-mêmes, ainsi qu’ils dépendaient de Celui qui les avait émanés. Voilà ce que nous appelons le principe du mal spirituel… »
Celui qui a « créé le Mal » selon l’expression employée par Jean-Baptiste Willermoz, est le Chef de ceux qui refusèrent de respecter les lois divines, selon trois principaux motifs justifiant une révolte lors de laquelle ces esprits criminels voulurent :
- 1°) Condamner l’éternité divine, c’est-à-dire qu’ils refusèrent que Dieu soit ce qu’Il est pour l’éternité ;
- 2°) Limiter, ou « borner » Dieu dans un seul rôle actif dans l’œuvre créatrice ;
- 3°) Devenir à leur tour des êtres dotés d’un pouvoir de création ;
De « causes secondes », les esprits rebelles désirèrent devenir « causes premières », or il ne peut y avoir de pluriel au niveau de ce qui concerne le « premier », car au sommet de l’édifice divin, ne subsiste et ne peut subsister qu’une indivisible et parfaite « Unité ».
C’est ce qu’explique le Traité sur la réintégration des êtres, rédigé par Martinès de Pasqually :
« Ces premiers esprits n’étaient émanés que pour agir comme causes secondes, et nullement pour exercer leur puissance sur les causes premières, ou l’action même de la Divinité. Puisqu’ils n’étaient que des agents seconds, ils ne devaient être jaloux que de leurs puissances, vertus et opérations secondes, et non-point s’occuper à prévenir la pensée du Créateur dans toutes ses opérations divines, tant passées que présentes et futures. » (Traité, § 5).
Quel fut leur crime ? Voici l’explication exposant les trois motifs de la prévarication des esprits révoltés :
« Leur crime fut d’avoir voulu condamner l’éternité divine ; secondement, d’avoir voulu borner la toute-puissance divine dans ses opérations de création et, troisièmement, d’avoir porté leurs pensées spirituelles jusqu’à vouloir être créateurs des causes troisièmes et quatrièmes qu’ils savaient être innées dans la toute-puissance du Créateur, que nous appelons quatriple essence divine. Comment pouvaient-ils condamner l’éternité divine ? C’est en voulant donner à l’Eternel une émanation égale à la leur, ne regardant le Créateur que comme un être semblable à eux, et qu’en conséquence il devait naître d’eux des créatures spirituelles qui dépendraient immédiatement d’eux-mêmes, ainsi qu’ils dépendaient de Celui qui les avait émanés. Voilà ce que nous appelons le principe du mal spirituel, étant certain que toute mauvaise volonté conçue par l’esprit est toujours criminelle devant le Créateur, quand bien même l’esprit ne la réaliserait point en action effective. » (Traité, § 5).
Le Phénix Renaissant, « L’immortalité de l’âme, son ‘‘émanation’’ et sa ‘‘réintégration’’ selon le Régime Écossais Rectifié », n° 7, 2021, pp. 130-131.