« L’homme n’avait été émané que pour être toujours en aspect du mauvais démon, pour le contenir et le combattre. La puissance de l’homme était bien supérieure à celle du démon, puisque cet homme joignait à la sienne celle de son compagnon et de son intellect…. »

Dans la conception d’Origène, les âmes émanées préexistent avant l’engendrement d’une nouvelle vie corporelle, et c’est en raison d’un châtiment, au motif d’une punition et par l’effet d’une sanction, qu’elles sont envoyées en ce monde matériel afin d’y expier leurs péchés.

Nous retrouvons et identifions sans peine dans cette thèse connue du christianisme primitif, les éléments identiques qui participent de la « doctrine de la réintégration des êtres » que formula Martinès de Pasqually et qu’il transmit à ses disciples, dont en premier lieu Jean-Baptiste Willermoz, ce qui explique pourquoi  cette doctrine constitue ainsi aujourd’hui la substance de l’enseignement dispensé par le Régime écossais rectifié.

Dans le Traité sur la réintégration des êtres, dont on sait l’extraordinaire rôle qui fut le sien sur le plan des idées spirituelles dans le domaine initiatique au XVIIIe siècle, Martinès affirmait en effet que l’homme a été émané par volonté du Créateur afin de contenir les esprits révoltés, lui confiant un pouvoir étendu à la mesure de la mission qu’il avait à accomplir : « Nous comprendrons aisément, par cette figure, que l’homme n’avait été émané que pour être toujours en aspect du mauvais démon, pour le contenir et le combattre. La puissance de l’homme était bien supérieure à celle du démon, puisque cet homme joignait à la sienne celle de son compagnon et de son intellect et que, par ce moyen, il pouvait opposer trois puissances spirituelles bonnes contre deux faibles puissances démoniaques ; ce qui aurait totalement subjugué les professeurs du mal et, par conséquent, détruit le mal même. » (Traité, § 16).

Le crime d’Adam, qui se détourna des ordres reçus du Créateur, eut pour conséquence de l’enfermer dans une forme de matière, prison charnelle qu’il reçut en punition de sa faute : « Le Créateur agit avec Adam ainsi qu’il le désirait et lui accorda le couronnement de son ouvrage, en renfermant dans la forme de matière créée par Adam un être mineur que ce malheureux Adam a assujetti dans une affreuse prison de ténèbres et qu’il a rendu par ce moyen susceptible d’être pensif et pensant, en le précipitant dans une privation éternelle ou limitée. » (Traité, § 30).

Cet enseignement a été conservé intégralement au sein du Régime écossais rectifié, qui en traduit les vérités de façon voilée à tous les grades par ses symboles, batteries et instructions.

Le Phénix Renaissant, « L’immortalité de l’âme, son ‘‘émanation’’ et sa ‘‘réintégration’’ selon le Régime Écossais Rectifié », n° 7, 2021, pp. 119-120.