« Dieu considéré dans sa propre essence d’unité divine ne peut être connu compris, ni défini que par Lui-même, et aucune intelligence créée ne peut sous ce rapport le connaître ni le comprendre […] Cependant que l’homme qui désire sincèrement d’acquérir la connaissance de Dieu, ne néglige aucun des moyens que la Divine Providence a mis à sa portée pour y parvenir. Avant tout, qu’il invoque sans cesse du fond de son cœur le secours de la lumière divine qui peut seule l’établir, le soutenir dans le sentier de la vérité et le préserver de l’erreur dans ses recherches… »

L’objet de la voie initiatique – même si cette condition participe des prérequis obligatoires pour être accepté comme membre de l’Ordre -, n’est pas de conduire chacun à proclamer, mécaniquement, une adhésion en la « croyance en l’existence de Dieu », ce que n’importe quel enfant, dès les premières leçons de son catéchisme, est en mesure d’exprimer, ce que tout individu capable d’exercer un minimum son intelligence est apte de déduire en comprenant la nécessité d’une « Cause première » à l’origine de tout ce qui existe en ce monde, mais de faire« concrètement », et « véritablement », dans sa vie, « l’expérience réelle » et vivante en soi-même de la « Présence de l’Être éternel », ce qui est radicalement différent.

Pour devenir un être spirituel authentique, et ne pas s’installer dans l’expression de sa foi dans une attitude déclamatoire dénuée de vérité, l’homme doit en conséquence réaliser son union avec Dieu et vivre, instant après instant, avec une ferme et constante « conscience » de cette union. Mais n’oublions-pas, et c’est là un point essentiel à ne jamais négliger – sous peine de tomber dans le piège du pélagianisme qui nous fait imaginer, de manière illusoire, que telles ou telles pratiques méditatives ou formes invocatoires seraient en mesure de nous obtenir un accès à la « grâce » -, qu’il n’existe aucune technique définie, aucune méthode établie pour parvenir à « l’union avec Dieu ».

Jean-Baptiste Willermoz enseigne donc avec justesse : « l’homme actuel enseveli dans sa matière, peut-il prétendre à parvenir à la connaissance de Dieu, doit-il en rechercher les moyens, et y-a-t-il encore pour lui des moyens assurés de parvenir à cette connaissance ? Dieu considéré dans sa propre essence d’unité divine ne peut être connu compris, ni défini que par Lui-même, et aucune intelligence créée ne peut sous ce rapport le connaître ni le comprendre. Cependant, puisqu’il a plu à Dieu de se manifester à ses créatures par ses œuvres divines, par ses émanations spirituelles, et par cette multitude de productions de tous genres qu’il a si abondamment répandues dans l’ordre temporel ; puisqu’aussi, suivant les traditions religieuses les plus respectables, et l’enseignement universel de l’Église chrétienne, Dieu en créant l’homme l’a destiné à le connaître parfaitement afin qu’il pût d’après cette connaissance, l’aimer, le servir et l’adorer en esprit et en vérité ; il en résulte que l’homme possède indubitablement en soi-même la faculté et les moyens nécessaires de parvenir à cette connaissance, puisqu’elle est destinée à sa nature essentielle […] que l’homme qui désire sincèrement de l’acquérir, ne néglige aucun des moyens que la Divine Providence a mis à sa portée pour y parvenir. Avant tout, qu’il invoque sans cesse du fond de son cœur le secours de la lumière divine qui peut seule l’établir, le soutenir dans le sentier de la vérité et le préserver de l’erreur dans ses recherches… [1]»

Le Phénix Renaissant, « L’Être éternel et infini et le Régime Écossais Rectifié », n°6, 2020, pp. 111-115.

Note.

[1] J.-B. Willermoz, Doctrine, Instruction particulière & secrète à mon fils, 1818, 5e Cahier.