« Les éléments de toute Corporisation quelconque ont été primitivement renfermés dans le Chaos ; au moment de son explosion et par le ministère des Agents secondaires qui y ont inséré un Principe de Vie passive, ils sont devenus les trois éléments de la Matière Feu, Eau et Terre, ayant une destination future que l’homme a anticipée. Voilà les Ténèbres qui proviennent de la Matière et ne sont point dans aucun cas une Lumière… »

Pour participer de la vie divine, une claire compréhension et possession des principes de la vie spirituelle, c’est-à-dire une connaissance des mystères présidant à l’ordre général des choses est nécessaire, c’est là le fondement à partir duquel il nous est possible d’édifier notre chemin initiatique, la base nous permettant de savoir comment diriger nos pas afin d’avancer vers les réalités transcendantes, expliquant pourquoi nul ne peut persévérer dans la foi sans être instruit des éléments de vérité communiqués par l’Évangile.

Faute de cette instruction, l’éventualité de se limiter à une « croyance aveugle » peut faire que demain, au gré des circonstances, l’âme se retrouvera dans un état de scepticisme, de doute, puis de distance de plus en plus grande aboutissant à une perte du lien avec la transcendance et l’installation, objective, d’une forme d’indifférence vis-à-vis des réalités célestes.

Mais si la vie spirituelle ne peut faire l’économie des lumières – forcément parcellaires et fragmentaires tant que nous sommes enfermés dans nos enveloppes charnelles -, portant sur Dieu et l’essence de l’être de Dieu, toutefois, quelle que soit la valeur de ces connaissances, et certaines sont effectivement sublimes, remarquables à plus d’un titre par leur finesse et impressionnante subtilité, relevant des plus hautes considérations spéculatives, sur le plan métaphysique, dont l’intelligence humaine est capable en ce monde terrestre, elles sont cependant insuffisantes pour parvenir à la plénitude réalisée de« l’union divine » ;

Cet état s’explique selon Jean-Baptiste Willermoz, en raison des strictes et étroites limitations constitutives de notre nature matérielle : « Les éléments de toute Corporisation quelconque ont été primitivement renfermés dans le Chaos ; au moment de son explosion et par le ministère des Agents secondaires qui y ont inséré un Principe de Vie passive, ils sont devenus les trois éléments de la Matière Feu, Eau et Terre, ayant une destination future que l’homme a anticipée. Voilà les Ténèbres qui proviennent de la Matière et ne sont point dans aucun cas une Lumière, car tout Esprit bon ou mauvais porte avec lui sa propre Lumière tant qu’il n’est point incorporisé dans la Matière où il la perd, ce qui expose l’homme égaré ou mal instruit à tant d’erreurs et de méprises dans ses visions. Ainsi quand on parle des Ténèbres qui obscurcissent l’homme on veut parler des Ténèbres et de l’Obscurcissement de son intelligence et nullement de ce qu’on entend vulgairement par Ténèbres ou Lumière [1]. »

Le Phénix Renaissant, « L’Être éternel et infini et le Régime Écossais Rectifié », n°6, 2020, pp. 108-109.

Note.

[1] J.-B. Willermoz, Lettre à Jean de Turckheim, 12-18, VIII 1821.