Le théosophe acquiert la certitude de recevoir la connaissance en même temps que l’inspiration. Il croit à une révélation permanente, sans cesse renouvelée par des prophètes – dont il fait partie – qui trouvent la lumière à l’intérieur d’eux-mêmes, grâce à une ascèse ou par la vertu d’initiations

 

La « théosophie », qui, des premiers siècles à l’illuminisme, se traduisit par un enseignement éclairant l’Écriture d’une lumière singulière en des points qui ne sont pas directement abordés par le texte révélé, est donc une « expérience de l’Esprit » : « le théosophe acquiert la certitude de recevoir la connaissance en même temps que l’inspiration. Il croit à une révélation permanente, sans cesse renouvelée par des prophètes – dont il fait partie – qui trouvent la lumière à l’intérieur d’eux-mêmes, grâce à une ascèse ou par la vertu d’initiations. Se posant moins la question an sit Deus que quid sit Deus, il insère ses observations dans un système qui tient compte d’une cosmogonie, d’une cosmologie, d’une eschatologie ; les idées d’émanation, de chute originelle, d’androgynéité, de Sophia, de Réintégration, font partie de ses thèmes favoris. Il les rend inséparables les uns des autres, les mêle intimement jusqu’à trouver partout l’empreinte de l’ordre[1]»

 Ainsi, pour le théosophe, la rencontre avec le divin n’est pas simplement un objet de « foi », mais une « connaissance », une « gnose », une expérience ; ce en quoi consiste la « Discipline de l’Arcane » connue lors des premiers siècles de l’ère chrétienne : « Selon lui, croire que Jésus est le chemin qui mène à la vérité, est un objet de foi en même temps que de connaissance et d’expérience, un grand mystère qui fit toujours l’objet d’un enseignement de l’École secrète de l’Église invisible et intérieure. Cette doctrine fut connue dans les premiers temps du christianisme sous le nom de ‘‘Disciplina arcani’’ [2]. »

Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 69-70.

Notes.

[1] A. Faivre, L’ésotérisme au XVIIIe siècle en France et en Allemagne, Collection « La Table d’Emeraude » Paris, Seghers, 1973, p. 9.

[2] A. Faivre, op.cit., p. 378.