Le Régime écossais rectifié aspire à redécouvrir les enseignements cachés depuis plusieurs siècles, oubliés et parfois rejetés par l’Église qui les désigne comme des erreurs, et rétablir, enfin, la sainte doctrine perdurant par l’initiation d’âge en âge jusqu’à nous, pour qu’elle puisse aider les âmes à retrouver leur essence divine primitive

L’économie spirituelle du Régime rectifié, à savoir la lente et efficace propédeutique de réconciliation de l’âme de chaque maçon avec les vérités oubliées de l’initiation, Willermoz l’expliqua en des termes remarquables, et y insista tout particulièrement en de façon non équivoque : « L’homme incorporisé aujourd’hui dans la matière, ne pouvant plus lire ce qui est en Dieu avec autant d’évidence qu’il le pouvait dan son premier état de pureté et d’innocence, il ne lui reste plus maintenant que des moyens pénibles et secondaires pour parvenir à cette précieuse connaissance. Ainsi donc que l’homme qui désire sincèrement de l’acquérir, ne néglige aucun des moyens que la divine providence à mis à sa portée pour y parvenir. Avant tout, qu’il invoque sans cesse du fond de son cœur le secours de la lumière divine qui peut seule l’établir, le soutenir dans le sentier de la vérité et le préserver de l’erreur dans ses recherches […] qu’il médite avec les mêmes dispositions de cœur et d’esprit tout ce que les pures et antiques traditions religieuses non écrites, mais conservées et mystérieusement transmises d’âge en âge, nous enseignent sur la nature de Dieu, sur celle des êtres spirituels émané de lui, sur toutes les divines productions, et sur les grands événements et changements que les deux grandes époques de prévarication ont occasionnés dans la nature spirituelle et dans la nature entière [1]

De ce fait, comme il apparaît, le système édifié lors du Convent des Gaules, ne participe pas de vérités à admettre en raison d’une autorité ecclésiale, de croyances auxquelles il est nécessaire de se soumettre en raison d’une contrainte dogmatique, ne se satisfaisant pas non plus de l’accomplissement lors de cérémonies, de postures artificielles où il suffit de s’affirmer chrétien de bouche, superficiellement, selon des scénarii théâtraux comme le faisaient représenter une maçonnerie dispensant des degrés aux titres prestigieux et aux dénominations admirables, mais qui en réalité était dépourvue des secrets véritables de l’initiation ; ce à quoi aspire le Régime rectifié est très différent, il s’agit de redécouvrir les enseignements cachés depuis plusieurs siècles, oubliés et parfois rejetés par l’Église qui les désigne comme des erreurs, et rétablir, enfin, la sainte doctrine perdurant par l’initiation d’âge en âge jusqu’à nous, pour qu’elle puisse aider les âmes à retrouver leur essence divine primitive [2].

Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 61-64.

Notes.

[1] J.-B. Willermoz, Cahier D 5.

[2] On ne mésestimera pas le fait – ceci contrairement à de récentes initiatives que l’on peut aisément qualifier « d’absurdes », que l’on a pu voir se développer, un temps, dans certaines juridictions dites « rectifiées », qui se sont particulièrement trompées sur la nature de l’Ordre -, que le but du Régime n’est en aucun cas de chercher une « reconnaissance » de la part de l’Église, erreur tout à fait significative, déjà fermement dénoncée à l’époque par Jean-Baptiste Willermoz, en des termes extrêmement sévères comme on peut le constater, déclarant positivement qu’une « réunion » de l’Ordre avec Rome,« ne procurerait à l’Ordre aucun bien essentiel, et aurait de grands inconvénients » (sic), insistant sur le fait qu’un tel projet est « bien loin de ses pensées », et totalement étranger à ses intentions :  « Nous gémissons par exemple qu’on nous attribue la dessein d’une réunion Générale du Régime à l’Église Romaine ; ce projet est bien loin de nos pensées, et peut être plus loin encore de la mienne en particulier; cette réunion ne procurerait à l’Ordre aucun bien essentiel, et aurait de grands inconvénients  […] ni moi ni ceux avec lesquels je suis accoutumé à penser tout haut [ne pouvons] former le projet de réunir le Régime au chef visible de Rome. La morale de nos Rituels exhorte par tout à la foi chrétienne, et à une tolérance réciproque entre toutes les communions, sans faire mention d’aucune en particulier ; cela aurait du être remarqué, et le sera chaque fois qu’on voudra se garantir de toute prévention en les lisant... » (Cf. J.-B. Willermoz, lettre à Bernard de Turckheim, 12  juillet 1784).