« Ceci doit encore vous faire concevoir les sens de ces paroles de l’Écriture : “La lumière était dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point comprise.” Toute forme corporelle est toujours un chaos à l’âme spirituelle divine, parce que cette forme de matière ne peut recevoir la communication de l’intellect spirituel divin, n’étant en elle-même qu’un être apparent... » (Traité, § 124).
Ce que représente la « réintégration » pour l’âme est rendu évident si l’on considère que le corps de matière fut donné à l’homme par l’effet d’une sanction, suite à une décision de punition, et que donc pour l’âme avoir été revêtue d’une enveloppe charnelle n’est en rien, contrairement à ce qu’affirme l’enseignement de l’Église la suite d’un don d’amour mais participe d’un châtiment, ce qui évidemment est une proposition théorique, sur le plan théologique, qui est à grande distance de ce qui est cru au titre de la Foi commune des institutions ecclésiales, mais qui pourtant relève, métaphysiquement, d’une longue tradition certes extrêmement minoritaire au sein de la chrétienté, quoique suffisamment référencée pour qu’il soit aisé d’en déterminer les sources et l’origine.
Et si l’enveloppe corporelle charnelle n’est absolument pas en son essence un don d’amour, mais se trouve être une sévère sanction à l’encontre d’Adam qui se distingua par une scandaleuse prévarication marquant d’une tache ténébreuse native sa relation avec la Divinité, en conséquence être réintégré – ce à quoi aspirent, et tendent légitimement, le petit nombre, extrêmement réduit, des créatures animées d’un « vrai désir » séjournant en ce monde de ténèbres -, c’est donc pouvoir être libéré d’une entrave, se dégager de fers contraignants symbolisant un éloignement des régions célestes et une détermination peccamineuse, en quoi consiste la forme physique dégradée, corruptible, vouée à la mort et à la décomposition, dans laquelle sont placées et croupissent en endurant une peine réparatrice, toutes les substances déchues enfermées dans ce lieu de déréliction liées par les limites étroites de leur apparence ténébreuse.
Martinès de Pasqually nous dévoile d’ailleurs le sens des paroles extraites du Prologue de l’Évangile de Jean, que Jean-Baptiste Willermoz décida de faire figurer autour du Delta rayonnant placé à l’Orient des loges rectifiées, paroles révélées qui signalent que les « ténèbres » évoquées dans ce passage significatif de l’Évangile transmis par le disciple « bien aimé » du Divin Réparateur, sont les formes matérielles composant ce monde de « réalité apparente » dont sont entourées les âmes humaines, ces dernières aspirant et espérant fortement bénéficier des « communications » et bienveillantes attentions de la part de l’Être éternel et infini : « Ceci doit encore vous faire concevoir les sens de ces paroles de l’Écriture : “La lumière était dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point comprise.” Toute forme corporelle est toujours un chaos à l’âme spirituelle divine, parce que cette forme de matière ne peut recevoir la communication de l’intellect spirituel divin, n’étant en elle-même qu’un être apparent. Le mineur, au contraire, par son émanation, est susceptible de recevoir, à chaque instant, cette communication, parce que c’est un être éternel. » (Traité, § 124).
Le Phénix Renaissant, « L’immortalité de l’âme, son ‘‘émanation’’ et sa ‘‘réintégration’’ selon le Régime Écossais Rectifié », n° 7, 2021, pp. 169-170.