« Tu accompliras ta sublime destinée, tu recouvreras cette ressemblance divine, qui fut le partage de l’homme dans son état d’innocence, qui est le but du Christianisme, et dont l’initiation maçonnique fait son objet principal. Tu redeviendras la créature chérie du Ciel : ses bénédictions fécondes s’arrêteront sur toi… »

L’Écriture Sainte nous apprend, dans le premier chapitre du livre de la Genèse, que Dieu fit l’homme « à son image et à sa ressemblance », ce à quoi il est rajouté que « Dieu créa l’homme à son image » en le créant « mâle » et « femelle », ce qui laisse sous-entendre, certes, que l’homme était capable d’engendrer la vie en possédant les caractères des deux polarités, l’une masculine et l’autre féminine, mais également que Dieu est lui-même, en son être propre et en sa dimension substantielle dénuée d’origine puisque l’Éternel est l’être par lui-même subsistant [1], constitué de ces deux types d’essences :

« Dieu dit ensuite : ‘‘Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance, et qu’il commande aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, aux bêtes, à toute la terre, et à tous les reptiles qui se meuvent sur la terre’’.

Dieu créa donc l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu, et il les créa mâle et femelle.

Dieu vit que ce qu’il avait fait était bon, ce qui semble logique puisque tout était issu, lors de cet acte de création, de sa propre origine, notamment l’homme, « image et ressemblance » du Créateur, ce que rappelle en ces termes la « Règle Maçonnique abrégée » [2], en insistant sur le fait que la nature immortelle de l’âme doit faire l’objet d’une attention particulière en nous invitant à la « séparation » entre les « principes célestes » et les « alliages étrangers », c’est-à-dire le composé matériel dégradé :

« Souviens-toi sans cesse que l’homme fut le chef-d’œuvre de la création, puisque Dieu même le créa à son image. Sois pénétré de la nature immortelle de ton âme, et sépare avec soin ce principe céleste et indestructible des alliages étrangers [3]. »

Dans la version longue de la « Règle Maçonnique »,  alors que le rappel que l’homme est « l’image » de Dieu est plusieurs fois souligné, on parle clairement de l’objectif des travaux se déroulant au sein du Régime Rectifié, dont le but est de recouvrir la « ressemblance divine », une « ressemblance » que l’homme possédait dans sa primitive origine lorsqu’il n’avait pas encore perdu son « état d’innocence », c’est-à-dire avant la prévarication d’Adam en Éden, ce à quoi il est précisé – ce qui est loin d’être anodin pour un Ordre qui, évidemment s’il était encore besoin d’y insister, fait de la perspective de « réintégration » sa base doctrinale et initiatique -, que ce « retour » à l’état initial est le « but du christianisme » :

« Si les leçons que l’Ordre t’adresse, pour te faciliter le chemin de la vérité et du bonheur, se gravent profondément dans ton âme docile et ouverte aux impressions de la vertu ; si les maximes salutaires, qui marqueront pour ainsi dire chaque pas que tu feras dans la carrière maçonnique, deviennent tes propres principes et la règle invariable de tes actions ; ô mon Frère, quelle sera notre joie ! tu accompliras ta sublime destinée, tu recouvreras cette ressemblance divine, qui fut le partage de l’homme dans son état d’innocence, qui est le but du Christianisme, et dont l’initiation maçonnique fait son objet principal. Tu redeviendras la créature chérie du Ciel : ses bénédictions fécondes s’arrêteront sur toi ; et méritant le titre glorieux de sage, toujours libre, heureux et constant, tu marcheras sur cette terre l’égal des rois, le bienfaiteur des hommes, et le modèle de tes Frères [4]. »

Le Phénix Renaissant, « La “réintégration” des êtres dans leur ‘‘ressemblance’’ divine, selon le Régime Écossais Rectifié », n° 9, 2024, p. 19-22.

Notes.

[1] L’autosuffisance de Dieu, fait qu’il tire son être de lui-même en étant dénué d’une cause adventice, contrairement à l’ensemble des créatures qui subsistent dans un lien de dépendance ontologique catégorique, puisque ayant besoin d’une cause antérieure pour apparaître à l’existence.

[2] Le Convent de Wilhelmsbad (1782), décida de la rédaction de deux versions de la « Règle » pour le Régime Écossais Rectifié, une première version développée de façon étendue, que l’on doit remettre à l’impétrant le jour de sa réception, et une seconde, réduite à neuf points synthétiques, facilitant une lecture aisée capable de servir de support aux réflexions dans le cadre d’une méditation personnelle régulière, ainsi que faire l’objet d’un examen collectif lors des réunions en « assemblée de Conférences ».

[3] Ms. 5919, pièce 3, Bibliothèque Municipale de Lyon, (1790).

[4] Règle Maçonnique, À l’usage des Loges Réunies et Rectifiées arrêtée au Convent de Wilhelmsbad, imprimée en 1782, B.M.L. Ms 5458-04b, Article IX, § 2 « Devoirs envers l’Ordre ».