« L’Initiation est un baptême qui nous purifie, une grâce qui nous justifie, une illumination qui nous remplit de lumière et qui nous fait connaître les choses divines. Ce sont là les dons accomplis de l’Être souverainement parfait… »

Le Régime Écossais Rectifié ne soutient pas seulement que l’âme est « placée » dans les mains de Dieu, il rappelle que ce lien de dépendance s’étend également à l’ontologie de sa subsistance, puisque son existence lui est donnée à chaque instant par la « Présence » invisible de la divinité qui reçoit, à juste titre, le nom de « Cause active et intelligente » [1], et que l’on désigne dans les textes de l’Ordre comme étant la « toute-présence de Dieu », formule qui est l’exacte synonyme de « Providence ».

La « voie initiatique » va donc avoir pour objet, peu à peu évidemment selon un rythme particulier propre à chacune des « âmes de désir », aidées en cela par des leçons répétées au travers des différentes étapes de leur cheminement, de faire passer la créature oublieuse de son lien de dépendance avec la « Cause active et intelligente », d’une situation d’indifférente ignorance qui la réduisait à l’état de « profane », à une « conscience » instruite et « éclairée » de sa relation constitutive d’avec le « Principe » duquel elle détient la vie et subsiste dans son être.

L’initiation est donc, d’une certaine manière, une concrète « sortie du sommeil » selon Jean-Baptiste Willermoz, et agit comme un authentique « réveil » salvateur et transformateur, à l’identique de ce que produit le « baptême » dans les âmes bénéficiant des grâces de la régénération spirituelle :

« Dieu a créé l’univers par sa volonté, et par sa volonté il fait le salut des hommes. Celui donc qui est acquitté par Jésus-Christ sort aussitôt des ténèbres, il est au moment même rempli d’une céleste lumière comme ceux qui se réveillent sortent des liens du sommeil. La taie qui l’aveuglait est enlevée, l’obstacle qui l’empêchait de voir est écarté. Ainsi, notre régénération par le Saint-Esprit dissipe à l’instant les ténèbres épaisses qui nous dérobaient la lumière divine, elle enlève le bandeau qui couvrait l’œil de notre âme et la met en état de voir les vérités célestes [2]. »

L’image, relativement marquante du « baptême », au sens propre et figuré, mise en relation avec « l’initiation », est développée de la sorte par Willermoz dans la suite de sa réflexion, comparant les « initiés » à la « lumière du Seigneur » :

« C’est un baptême qui nous purifie, une grâce qui nous justifie, une illumination qui nous remplit de lumière et qui nous fait connaître les choses divines. Ce sont là les dons accomplis de l’Être souverainement parfait. À sa voix, tout, en nous, est sorti des ténèbres ; il a anticipé les temps en notre faveur par sa toute-puissance, et nous vivons parce que Jésus-Christ nous a délivrés de la mort. Dieu a créé l’univers par sa volonté, et par sa volonté il a fait le salut des hommes. Initiés, nous étions autrefois ensevelis dans les ténèbres, nous sommes maintenant la lumière du Seigneur ; c’est pourquoi les anciens appelèrent l’homme d’un nom qui signifie lumière. Ainsi l’espérance de ceux qui ont cru n’a point été trompée ; ils reçoivent dès à présent les arrhes de la vie éternelle ; car le Maître leur a dit : ‘‘qu’il soit fait selon votre foi’’ [3]. »

Le Phénix Renaissant, « La Divine Providence, sa ‘‘présence’’ et son ‘‘action’’ dans l’âme selon le Régime Écossais Rectifié », n° 8, 2023, pp. 115-117.

Notes.

[1] Louis-Claude de Saint-Martin, fort justement, englobe dans cette dépendance ontologique fondamentale vis-à-vis de la « Cause active et intelligente », l’ensemble de la Création matérielle : « Ainsi, je crois pouvoir annoncer la nécessité d’une cause intelligente et active par elle-même, qui ait communiqué la première action à la Matière, comme elle la lui communique continuellement dans les actes successifs de sa reproduction et de sa croissance, et dans tous les effets qu’elle manifeste à nos yeux...» (Des erreurs et de la vérité, 1778).

[2] Jean-Baptiste Willermoz, Mes pensées et celles des autre.

[3] Ibid.