« Initié, lorsque la vérité daignera se montrer à toi, tu concevras l’idée de ta dignité originelle… »
La révélation de la « Présence divine » en l’âme est l’une des leçons les plus essentielles, les plus précieuses et importantes que l’Ordre délivre à ceux qui s’engagent dans la voie initiatique, et il n’est pas anodin de constater qu’elle est la première délivrée à chaque candidat qui se présente à la porte du Temple, au moment de son attente, solitaire et dans l’obscurité, dans la « chambre de préparation ».
La conviction que la « vie divine » est en l’homme de par la nature de son origine primitive provenant d’une « émanation », est un point fondamental qui fut l’objet des réflexions entreprises lors des « Leçons de Lyon », où l’accent fut mis, lors de la séance du 7 février 1776, sur la présence d’un « Principe » qui est « vie et lumière » intérieurement en l’âme :
« L’homme actuel est un composé de deux natures différentes, par le lien invisible qui enchaîne son esprit à un corps de matière. Son esprit étant une émanation du principe divin qui est vie et lumière, il a la vie en lui par sa nature d’essence divine éternelle [1], quoiqu’il ne puisse produire les fruits de cette vie qui est en lui que par les influences de la source d’où elle émane. S’il ne se fût jamais écarté de sa loi, il aurait resté dans sa nature d’esprit pur et simple et, pour opérer les faits pour lesquels il était émané, il n’aurait pas eu besoin de subir l’action des êtres inférieurs à lui. Mais, s’étant souillé par son union avec le chef des êtres de ténèbres, il a été précipité au centre de la matière qui avait été créée pour servir de barrière et de molestation aux premiers prévaricateurs. Là, il a été revêtu d’un corps ténébreux qui l’empêche de communiquer directement avec l’esprit, puisqu’il ne peut exercer aucune de ses facultés ni recevoir aucune communication spirituelle que par ses organes corporels [2]. »
Jean-Baptiste Willermoz rappelle, dans un des écrits qui restèrent fort longtemps inédits et qu’il conservait pour son usage personnel en y notant ses propres réflexions ou des citations qui lui apparaissaient devoir ne pas être oubliées, les vérités importantes relatives à la « Présence » de Dieu dans l’âme donatrice de la vie en ces termes :
« C’est par le Créateur que les êtres ont l’existence ; c’est aussi en lui et par lui que la possibilité d’être existe [3]. »
En conséquence de cette authentique « prise de conscience » de l’origine « ontologique » de l’existence de l’homme, qui lui donne la « possibilité d’être » et sans laquelle, s’il en était dépourvu – une prise de conscience qui est d’ailleurs souvent, lorsqu’elle intervient au cours de l’existence, parfois fort tardivement, comme une sorte de moment « natif » sur le plan des grandes intuitions métaphysiques bouleversant radicalement la manière d’être au monde et de concevoir ce que signifie réellement « vivre », faisant qu’en ces sujets déterminants il y a très souvent un « avant » et un « après », modifiant intensément la façon de « vivre sa vie » et d’en penser l’origine, c’est-à-dire la source active qui préside à sa réalité constante -, il ne serait que néant, Jean-Baptiste Willermoz parvient à cette évidence :
« Initié, lorsque la vérité daignera se montrer à toi, tu concevras l’idée de ta dignité originelle [4]. »
Notes.
Le Phénix Renaissant, « La Divine Providence, sa ‘‘présence’’ et son ‘‘action’’ dans l’âme selon le Régime Écossais Rectifié », n° 8, 2023, pp. 73-76.
[1] Pour un approfondissement de la notion « d’émanation », on se reportera à : « L’immortalité de l’âme, son ‘‘émanation’’ et sa ‘‘réintégration’’ selon le Régime Écossais Rectifié », Phénix Renaissant n° 7, 2021.
[2] Les Leçons de Lyon, n° 88, 7 février 1776.
[3] J.-B. Willermoz, Mes pensées et celles des autres, Ms 5476, Bibliothèque municipale de Lyon.
[4] Ibid.