« Le dogme de l’existence de Dieu est si universellement démontré à la saine raison humaine qu’il ne peut être contesté par aucun être raisonnable. Et en effet, tout dans l’univers visible et invisible, physique et intellectuel atteste à l’homme l’existence de cet Être unique et nécessaire, que nous nommons Dieu ; dont la nature entière sent le besoin ; de cet Être infini, intelligent, éternel qui n’a ni commencement ni fin, dont la Toute puissance n’a point de bornes… »

C’est contre les thèses des philosophes athées, qui étaient parvenues à conquérir l’adhésion d’un large public, en particulier au sein des classes supérieures de la société au XVIIIe siècle, que Jean-Baptiste Willermoz dirigea son discours, et tint à insister fortement sur l’évidence d’un « Principe créateur », perceptible immédiatement à l’intelligence de ceux qui regardent avec attention, soit ce qui dépasse leurs sens souvent abusés par les ruses de l’illusion, soit même, l’ensemble des objets qui peuplent l’univers et qui dépendent dans leur existence d’une source première qui en fonde l’origine.

De ce fait, tout porte à la reconnaissance de la réalité de l’existence de Dieu, si du moins l’intelligence de l’homme veut bien s’ouvrir et écouter les preuves que ne cessent de nous fournir les multiples témoignages, que perçoit l’esprit lorsqu’il s’interroge sur la provenance de tout ce qui est en le maintenant et conservant en vie par l’effet de sa divine Providence :

« Le dogme de l’existence de Dieu est si universellement démontré à la saine raison humaine qu’il ne peut être contesté par aucun être raisonnable. Et en effet, tout dans l’univers visible et invisible, physique et intellectuel atteste à l’homme l’existence de cet Être unique et nécessaire, que nous nommons Dieu ; dont la nature entière sent le besoin ; de cet Être infini, intelligent, éternel qui n’a ni commencement ni fin, dont la Toute puissance n’a point de bornes ; Principe unique, créateur absolu et conservateur de tout ce qui existe et sans lequel rien ne peut exister. Père plein de tendresse et de charité pour toutes ses créatures, bon et juste envers toutes, qui les punit et les récompense chacune selon ses œuvres et dont la Providence toujours agissante et dirigée par la sagesse infinie gouverne toutes choses.

[…] Ainsi donc Dieu existe. Malheur et cent fois malheur à l’athée, s’il pouvait véritablement en exister un, qui voudrait le nier car il nierait l’existence même [1]. Disons le donc avec amour et reconnaissance ; Oui, il existe ce Grand Dieu, et après avoir reconnu son existence, travaillons à le connaître autant qu’il nous sera possible dans nos rapports avec lui, afin d’apprendre à lui rendre tout ce que nous lui devons [2]. »

Le Phénix Renaissant, « L’Être éternel et infini et le Régime Écossais Rectifié », n°6, 2020, pp. 34-39.

Notes.

[1] Il est à noter, que Willermoz fait appel ici à un argument très répandu chez les théologiens qui écrivirent sur la question, se déclinant en deux propositions parallèles : 1°) l’idée universellement admise d’une foi en la réalité d’un Principe créateur ; 2°) la présence innée de l’existence de Dieu dans les âmes. Celui qui, admirablement, rédigea la synthèse de ces deux propositions conjointes, et dont on peut penser que son influence est aisément perceptible chez le fondateur du Régime Rectifié, est incontestablement Fénelon (1651-1715), qui écrivit tout d’abord une « Démonstration de l’existence de Dieu, tirée du spectacle de la Nature et de la connaissance de l’homme » (1712), texte, accompagné de nombreux autres compléments, qui devint ensuite le « Traité de l’existence et des attributs de Dieu », publié de façon posthume (Paris, Florentin Delaulne, 1718), puis fut inséré dans les Œuvres de Fénelon, archevêque de Cambrai (Versailles, Lebel, 1820, tome I), étant l’objet de nombreuses éditions depuis cette date.

[2]J.-B. Willermoz, De l’existence de Dieu démontrée à la raison humaine.