« Plains le triste délire de celui qui ferme ses yeux à la lumière et se promène dans les ténèbres épaisses du hasard : que ton cœur attendri et reconnaissant des bienfaits paternels de ton Dieu, rejette avec mépris ces vains sophismes, qui prouvent la dégradation de l’esprit humain lorsqu’il s’éloigne de sa source… »

Il se dégage de la lecture de textes du Régime écossais rectifié, comme la pressante volonté de placer les travaux du système élaboré lors du Convent des Gaules (1778) et de Wilhelmsbad (1782), sous les auspices d’un environnement référentiel empruntant ses principaux thèmes, tant aux notions martinésiennes évidemment portant sur la Création [1], qu’aux principes de la métaphysique chrétienne, et en particulier d’une certaine scolastique médiévale qui se donna pour mission de faire découvrir la place et l’activité de Dieu en tant « qu’Être premier » au travers des éléments qui témoignent d’une puissance ordonnatrice située derrière la réalité des êtres et des choses en ce monde.

Cette volonté apparue au XVIIIe siècle, alors même que cette place, et cette activité de Dieu, étaient l’objet d’une vigoureuse remise en question de la part des rationalistes et philosophes matérialistes du « siècle des Lumières ».

À ce titre, il n’est pas anodin de voir combien, dans la Règle maçonnique, comme s’il s’agissait de faire pièce à leurs arguments, est fustigée l’incrédulité en des termes relativement rudes : « Plains le triste délire de celui qui ferme ses yeux à la lumière et se promène dans les ténèbres épaisses du hasard : que ton cœur  attendri et reconnaissant des bienfaits paternels de ton Dieu, rejette avec mépris ces vains sophismes, qui prouvent la dégradation de l’esprit humain lorsqu’il s’éloigne de sa source [2]

Le Phénix Renaissant, « L’Être éternel et infini et le Régime Écossais Rectifié », n°6, 2020, pp. 27-28.

Notes.

[1] Le Traité sur la réintégration des êtres de Martinès de Pasqually (+ 1774) se présente comme un récit général de la Création, avant même l’apparition de l’homme et du monde. Dieu y est désigné constamment sous la figure du Créateur, et il est courant dans le texte qu’il soit simplement signalé sous le nom de « Créateur », et même, à une occasion, « d’Être-Créateur » : « Tu as donc vu en moi la ressemblance de la pensée de l’Éternel, puisque, je l’ai lue dans sa gloire et que je l’ai vue face à face. Cette montagne spirituelle que tu m’as vu monter t’annonçait la distance qu’il y a de l’Être-Créateur à la créature générale ou la terre. » (Traité sur la réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine,  § 215, « Grand discours de Moïse ».)

[2] Règle maçonnique, Article I, ‘‘Devoirs envers Dieu et la Religion’’.