Cette infâme voie de descente inversée vers les régions obscures de la folle perdition, est la voie des « insensés », insensés « qui voyagent toute leur vie, sans savoir où ils vont, ni d’où ils viennent, ni ce qu’ils doivent faire », et qui, à chaque fois, travaillent à leur perte et tombent, inexorablement, dans tous les pièges qui leur sont tendus et se présentent devant leurs pas, n’évitant malheureusement, ni l’hideux reniement de leurs liens, ni le terrifiant oubli de leurs promesses, ni bien sûr l’infecte trahison de leurs engagements, enfin et surtout, ni non plus l’abominable profanation de leurs serments les plus sacrés, prononcés et contractés sur la Sainte Écriture

Il y a à l’évidence, dans cette quasi « cohabitation » entre la nature déchue et la nature rachetée dans le nouvel homme, un exercice extrêmement délicat qu’il n’est pas toujours aisé de négocier, et qui provoque très souvent des périodes de doute, des temps troubles faits de tentions difficiles, engendrant des épreuves nombreuses qui participent du chemin initiatique proprement dit, et en constituent l’effectif sentier de progression.

Mais, dans certains cas hélas, certes peu nombreux quoique apparaissant de manière suffisamment régulière et se reproduisant avec une impressionnante constance pour être signalés, en provoquant toujours, chez ceux qui en sont les témoins, le même effroi et l’identique repoussement scandalisé, ce chemin conduit à l’échec et au retranchement des circonférences, soit par incapacité à se conformer à la rigueur des principes, soit par l’irrespect, l’indifférence et le mépris à l’égard des règles de l’Ordre, soit tout simplement en advenant peu à peu par l’effet d’une perceptible désorientation intérieure – et cela se déroule et s’étend parfois sur des périodes de grande durée temporelle car l’action de la corruption avance lentement, et effectue son œuvre délétère de façon sourde mais insistante, se dissimulant sous le masque de l’hypocrisie et se cachant parfois de longues années sous celui du mensonge -, l’exact chemin de descente vers les ténèbres par la complaisance envers les vices qui sont l’exact miroir inversé des vertus ; la « justice », la « clémence », la « prudence », la « tempérance » et la « force », étant remplacées, systématiquement et par l’effet d’une glaçante logique, par « l’injustice », le « ressentiment », « l’excès », « l’imprudence » et la « faiblesse », la « foi », l’espérance » et la « charité », se voyant transformées quant à elles, en « infidélité », « paresseuse désespérance » et « égoïsme orgueilleux ».

Cette infâme voie de descente inversée vers les régions obscures de la folle perdition, est la voie des « insensés », insensés « qui voyagent toute leur vie, sans savoir où ils vont, ni d’où ils viennent, ni ce qu’ils doivent faire », et qui, à chaque fois, travaillent à leur perte et tombent, inexorablement, dans tous les pièges qui leur sont tendus et se présentent devant leurs pas, n’évitant malheureusement, ni l’hideux reniement de leurs liens, ni le terrifiant oubli de leurs promesses, ni bien sûr l’infecte trahison de leurs engagements, enfin et surtout, ni non plus l’abominable profanation de leurs serments les plus sacrés, prononcés et contractés sur la Sainte Écriture, ce qui relève objectivement du « parjure », expliquant pourquoi, ceux qui, ayant été admis un jour « dans le chemin de la Vertu, et de la Vérité », n’y persévèrent pas et se détournent de ses principes spirituels, sont « cent fois plus à plaindre qu’ils n’étaient auparavant » [1].

Le Phénix Renaissant, « La Science de l’Homme», Éclaircissements sur la double nature, n° 5, 2019, pp. 52-54.

Note.

[1] Dans plusieurs passages relativement sévères figurant dans les lettres envoyées à Claude-François Achard (1751-1809), Vénérable Maître de la loge « La Triple Union » à l’Orient de Marseille, Willermoz exposa fort bien la rigueur disciplinaire du Régime Rectifié, mettant en garde contre les esprits rebelles qui en refusent l’exigence, insistant sur le caractère incompatible de l’orgueil indiscipliné avec la vie de l’Ordre, l’inutilité de ceux qui ne répondent pas à la mise en conformité avec une vie pieuse et fidèle faite d’obéissance, d’abnégation, d’humilité et d’abandon de la volonté-propre, justifiant en conséquence la nécessité pour l’Ordre de conserver sa pureté en écartant de lui les révoltés et les velléitaires qui lui sont étrangers spirituellement, qui finalement n’y ont jamais été présents lorsqu’ils en furent membres qu’en surface et de manière artificielle – semblables à ceux décrits dans l’Évangile selon saint Matthieu au chapitre XIII : « […] en voyant ils ne voient point, et en écoutant ils n’entendent ni ne comprennent point, la prophétie d’Isaïe s’accomplit en eux, lorsqu’il dit : ‘‘Vous écouterez de vos oreilles, et vous n’entendrez point ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point’’. Car leur cœur s’est appesanti, et leurs oreilles sont devenues sourdes, et ils ont fermé leurs yeux… » (Matthieu XIII, 13-15) -, et n’ont donc pas leur place en son sein.