Son malheur [à l’homme] serait irréparable, si Dieu, touché de son repentir, ne lui avait promis un Rédempteur qui le relèverait de sa chute […] c’est par l’abus qu’il a fait de son libre-arbitre et le mauvais usage de sa volonté que l’homme est devenu coupable et malheureux ; peut-il lui rester d’autres moyens pour sa réhabilitation que d’offrir sans cesse et du fond de son cœur, à son Créateur, le sacrifice entier de cette Liberté qui lui est devenue si fatale, et l’abandon absolu de sa volonté

Dans l’affreuse situation dans laquelle est placée la postérité d’Adam, qui eu pour conséquence de rompre le lien originel avec Dieu et de faire déchoir l’homme au rang des plus indignes créatures, situation dans laquelle toutes les générations assument, depuis l’aube des siècles, une existence pénible, difficile, sujette à la tristesse, la maladie et la mort, si un Réparateur n’avait pas été envoyé à l’humanité souffrante et languissante, les âmes seules, livrées à leurs propres facultés limitées, auraient été incapables de se réhabiliter elles-mêmes ayant honteusement abusé de leur liberté et se retrouvant dans un état de corruption irréparable impossible à corriger et modifier au moyen de leurs propres forces.

Jean-Baptiste Willermoz insiste sur ce point de cette façon : « et son malheur [à l’homme] serait irréparable, si Dieu, touché de son repentir, ne lui avait promis un Rédempteur qui le relèverait de sa chute, s’il le secondait par tous les efforts de sa volonté. Puisqu’il est évident que c’est par l’abus qu’il a fait de son libre-arbitre et le mauvais usage de sa volonté que l’homme est devenu coupable et malheureux ; peut-il lui rester d’autres moyens pour sa réhabilitation que d’offrir sans cesse et du fond de son cœur, à son Créateur, le sacrifice entier de cette Liberté qui lui est devenue si fatale, et l’abandon absolu de sa volonté jusqu’à ce qu’il lui plaise de l’accepter [1].»

Ainsi, face à cette état désorienté dans lequel l’homme impuissant se révéla incapable d’assumer les contraintes d’une vie divisée, la Divinité consentit à venir parmi nous, mais le fit, selon la « Révélation » chrétienne qui est à la base des voies initiatiques occidentales, et représente d’ailleurs pour le Régime Écossais Rectifié la source effective, et non « emblématique », de la « Vérité » [2], comme un homme semblable aux autres hommes ; ayant prit chair d’une jeune vierge, en laquelle se fit la miraculeuse union de ses deux natures lorsque la fille d’Israël prononça la phrase magnifique : « Je suis l’esclave du Seigneur, qu’il me soit fait selon sa parole. » (Luc I, 38) [3].

Le Phénix Renaissant, « La Science de l’Homme», Éclaircissements sur la double nature, n° 5, 2019, pp. 39-41.

Notes.

[1] J.-B. Willermoz, 3e Cayer [C], FM 509, BN, « De la liberté et des facultés des êtres spirituels et de leur émancipation ».

[2] Il est à souligner avec insistance, que l’Écriture Sainte, contrairement aux autres systèmes maçonniques, n’est point un « emblème » pour le Régime Rectifié, mais représente la « Loi » qui fut conservée au sein du Temple en son « Sanctuaire », et constitue de ce fait la source unique de toute « Vérité » : « La Bible n’est pas un emblème, mais elle nous enseigne la Loi qui était conservée dans le Sanctuaire du Temple, et que tout Franc-maçon doit méditer. » (Cf. Rituel du Grade d’Apprenti, « Instruction Historique par demandes et réponses du Grade d’Apprenti », 3ème Section, 1802). Rajoutons que la « Règle Maçonnique », quant à elle, stipule positivement que cesser de croire à l’Évangile si cela devait arriver pour un frère, ce qu’à Dieu ne plaise, ferait immédiatement perdre la qualité de franc-maçon : « Professe en tous lieux la divine Religion de Christ, et ne rougis jamais de lui appartenir. L’Évangile est la base de nos obligations ; si tu n’y croyais pas, tu cesserais d’être Maçon. » (Cf. Règle Maçonnique, Art. I « Devoirs envers Dieu & la Religion », § II).

[3] Les passages de cet extraordinaire mystère de « l’Annonciation » sont ceux-ci : « Et respondens angelus dixit ei : ‘‘Spiritus Sanctus superveniet in te, et virtus Altissimi obumbrabit tibi. Ideoque et quod nascetur ex te sanctum, vocabitur Filius Dei.’’ / L’ange lui répondit : ‘‘Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ; c’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous, sera appelé le Fils de Dieu.’’ […] « Dixit autem Maria : ‘‘Ecce ancilla Domini : fiat mihi secundum verbum tuum’’. Et discessit ab illa angelusAlors Marie lui dit : ‘’Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole !’’ Ainsi l’ange se sépara d’elle. » (Luc I, 35 ; 38).