« Lorsque ce qui est en dehors, […] lorsque la vie ou la génération extérieure sera devenue semblable à la vie intérieure ou angélique. Alors il n’y aura qu’une naissance […] et le royaume de Dieu arrivera sur la terre comme au ciel. »
Il s’agissait, dans le projet de Jean-Baptiste Willermoz lors de la constitution du Régime écossais rectifé, certes de retrouver « l’Unité primitive » de la franc-maçonnerie, mais surtout, d’en découvrir les « traces précieuses », son « but » et son « berceau », qui se situent, bien évidemment, en Adam lors des premier temps de son « émanation » avant sa prévarication, et son « incorporisation » dans une forme de matière impure et dégradée, recouvert « d’habits de peau » (Genèse III, 21) [1], mais également, dans le « christianisme originel », d’où proviennent concrètement, les sources des mystères de « l’initiation ».
S’éclaire alors remarquablement le sens des affirmations de Joseph de Maistre, lorsqu’il faisait apparaître, en évoquant, une fois de plus, le « christianisme transcendant », son lien avec le christianisme des premiers siècles : «Ce christianisme réel, désigné chez les Allemands par le nom de ‘‘christianisme transcendant’’, est une véritable initiation ; il fut connu des chrétiens primitifs, et il est accessible encore aux adeptes de bonne volonté. Ce christianisme révélait et peut révéler encore de grandes merveilles, et il peut non seulement nous dévoiler les secrets de la nature, mais nous mettre même en communication avec les esprits [2].»
Maistre, tel un visionnaire, si représentatif de l’illuminisme européen dont il fut et demeure à l’évidence l’une des grandes figures, mais surtout en tant que membre de l’Ordre instruit de ses vérités fondamentales, annonçait : « Lorsque ce qui est en dehors, […] lorsque la vie ou la génération extérieure sera devenue semblable à la vie intérieure ou angélique. Alors il n’y aura qu’une naissance […] et le royaume de Dieu arrivera sur la terre comme au ciel. » (Mélanges A.) [3]. »
Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 97-99.
Notes.
[1] C’est ce que décrivit parfaitement Émile Dermenghem (1892-1971), lors de la publication en 1928, de son Joseph de Maistre Mystique : « C’est une idée analogue que Joseph de Maistre suggère lorsqu’il parle des « habits de peau » (note 3. Soirées, IIe entr., p. 292). La Genèse appellerait ainsi selon l’interprétation théosophique, les corps matériels actuels dont Adam et Ève furent revêtus après la chute […] Il cite Maïmonide, et Platon (l’homme double du Banquet). Cf. ci-dessus, IIIe partie, chap. I), ajoute Maistre, cita ces paroles dans le siècle suivant avec quelques altérations ; il cite une réponse semblable du Sauveur à Salomé qui lui faisait même question : ‘‘Lorsque vous aurez déposé le vêtement de honte et d’ignominie (il s’agit évidemment du corps actuel) ; lorsque les deux deviendront uns…[1]» (Émile Dermenghem, Joseph de Maistre Mystique, La Connaissance, 1923, pp. 292-293).
[2] J. de Maistre, Quatre chapitres inédits sur la Russie, op.cit.
[3] J. de Maistre, O.C., t. VIII, 1854, p. 403.