Le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : car ce sont là les adorateurs que le Père cherche. Dieu est esprit ; et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité.

Nous pouvons en être convaincus, le gouvernement de la Divine Providence, la compréhension métaphysique de la Chute originelle et l’analyse de ses conséquences aboutissant à la nécessaire mise en œuvre du travail de « Réintégration », la perspective eschatologique devant nous conduire au pieds de la Sainte Montagne d’où se manifestera à la fin des temps la Jérusalem Céleste, tous ces points, qui constituent la doctrine de Joseph de Maistre (1753-1821) telle qu’exposée dans son œuvre, absolument conforme à celle des cercles initiatiques dirigés, de Lyon, par Jean-Baptiste Willermoz, dans lesquels le comte chambérien disait n’avoir trouvé selon ses propres paroles : « que bonté, douceur et piété même à leur manière » [1], ne relèvent que de l’enseignement connu des chrétiens des premiers siècles, et qui se conserva jusqu’au VIe siècle, avant d’être combattu et désigné par l’Église comme relevant de propositions « hérétiques ».

Tout notre travail, n’est donc autre que « d’attendre », et travailler par un constant labeur, au rétablissement de la religion chrétienne primitive en sa pureté initiale, et authenticité véritable ; sachant qu’il ne s’agit d’établir aucune « Église » quelconque, aucune structure matérielle, mais d’édifier en nous, dans le « tabernacle du cœur », le « culte « en Esprit et en Vérité » :

            « Cette femme lui dit : ‘‘Seigneur ! je vois bien que vous êtes un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne ; et vous autres, vous dites que c’est dans Jérusalem qu’est le lieu où il faut adorer’’. Jésus lui dit : ‘‘Femme, croyez en moi : le temps va venir que ce ne sera plus uniquement sur cette montagne, ni dans Jérusalem, que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez point : pour nous, nous adorons ce que nous connaissons ; car le salut vient des Juifs. Mais le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : car ce sont là les adorateurs que le Père cherche. Dieu est esprit ; et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité’’. Cette femme lui répondit : ‘‘Je sais que le Messie (c’est-à-dire, le Christ) doit venir : lors donc qu’il sera venu, il nous annoncera toutes choses’’. Jésus lui dit : ‘‘C’est moi-même qui vous parle’’. En même temps ses disciples arrivèrent, et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme. Néanmoins nul ne lui dit : ‘‘Que lui demandez-vous ?’’ ou, ‘‘D’où vient que vous parlez avec elle ?’’ Cette femme cependant laissant là sa cruche, s’en retourna à la ville, et commença à dire à tout le monde : ‘‘Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai jamais fait. Ne serait-ce point le Christ ?’’ Ils sortirent donc de la ville, et vinrent le trouver. » (Jean IV, 19-31).

Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 99-100.

Note.

[1] J. de Maistre, Soirées, XIème Entretien, 1819.