Caractère initiatique du christianisme, mystères voilés derrière l’aspect littéral de l’Écriture, recours au sens allégorique, appel à la contemplation métaphysique, le concept de « christianisme transcendant » a été défini par Joseph de Maistre, et surtout adapté avec une précision remarquable pour les temps à venir à l’intention des esprits voulant accéder à un contact réel, immédiat, avec les vérités et les mystères de la religion chrétienne.

Joseph de Maistre (1753-1821), sollicité en 1781, pour savoir ce sur quoi le Régime Écossais Rectifié devait s’appuyer sur le plan de ses enseignements, résuma dans le Mémoire au duc de Brunswick (1782), ce que devait être la nature du « christianisme » de l’Ordre, proposant une approche singulièrement originale, absolument non dogmatique, en refusant une lecture littérale de l’Écriture : « Tout est mystère dans les deux Testaments, écrit-il, et les élus de l’une et l’autre loi n’étaient que de vrais initiés. Il faut donc interroger cette vénérable Antiquité et lui demander comment elle entendait les allégories sacréesQui peut douter que ces sortes de recherches ne nous fournissent des armes victorieuses contre les écrivains modernes qui s’obstinent à ne voir dans l’Écriture que le sens littéral ? Ils sont déjà réfutés par la seule expression des Mystères de la Religion que nous employons tous les jours sans en pénétrer le sens […] Quel vaste champ ouvert au zèle et à la persévérance […] que les uns s’enfoncent courageusement dans les études d’érudition  […] Que d’autres que leur génie appelle aux contemplations métaphysiques cherchent dans la nature même des choses les preuves de notre doctrine. Que d’autres enfin  (et plaise à Dieu qu’il en existe beaucoup!),  nous disent ce qu’ils ont appris de cet Esprit qui souffle où il veut, comme il veut et quand il veut [1].»

Les idées principales, fondatrices du « christianisme transcendant » étaient ainsi posées.

Caractère initiatique du christianisme, mystères voilés derrière l’aspect littéral de l’Écriture, recours au sens allégorique, appel à la contemplation métaphysique, en réalité, le concept de « christianisme transcendant » venait d’être redéfini, exposé, proposé, et surtout adapté avec une précision remarquable pour les temps à venir, à l’intention des esprits voulant accéder à un contact réel, immédiat, avec les vérités de la religion sans subir les limites imposées par une institution ecclésiale qui avait écarté – depuis le VIe siècle -, les connaissances importantes qui faisaient le trésor des premiers chrétiens.

Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 59-60.

Note.

[1] J. de Maistre, Mémoire au duc de Brunswick, 1782.