Les Instructions du Régime écossais rectifié aux différents Grades, notamment celles de la classe non-ostensible, soutiennent des propositions contraires à celles de l’Église sur beaucoup de points, en particulier au sujet de la « résurrection de la chair », l’Ordre, adhérant à une thèse que l’Église condamna constamment dans ses conciles et par ses docteurs, à savoir l’anéantissement du corps matériel charnel.

L’enseignement de Jean-Baptiste Willermoz que véhicule le Régime Écossais Rectifié, comme il apparaît précisément en ses bases doctrinales martinésiennes essentielles, se rattachent directement aux thèses néoplatoniciennes et origéniennes issues du christianisme primitif, condamnées par l’Église en ses conciles [1].

C’est un fait, et cette présence de thèses rejetées par l’institution ecclésiale au sein du Régime rectifié représente pour certains une difficulté qu’il serait vain de nier. Mais si l’on veut être en accord avec un Ordre auquel on dit appartenir, il convient toutefois logiquement d’en accepter la doctrine et la professer, ou tout au moins, ce qui est un minimum, d’en respecter les vues et ne point les dénoncer comme des « erreurs » et les qualifier « d’hérésies » non-chrétiennes, comme cela est advenu de la part de certaines autorités appartenant à des juridictions singulièrement oublieuses des vérités du Régime rectifié.

C’est pourquoi, la conclusion s’impose par exemple en quelque sorte d’elle-même au sujet de la destination du composé matériel, c’est-à-dire logiquement, si du moins cette dernière est respectée dans le cadre de l’enseignement willermozien, à savoir que loin de fonder de naïfs espoirs sur une hypothétique, et bien illusoire, « transmutation du corps en esprit et de l’esprit en corps » – Willermoz nous rappelant, avec intelligence et lucidité, les leçons de l’Évangile, insistant pour que soit médité le solennel et rigoureux avertissement de Jésus à Nicodème : ‘‘Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit.’’ (Jean III, 6) -, il importe de considérer que seul l’Esprit est appelé aux promesses de l’éternité.

À deux origines, correspondent deux natures antagonistes, et en conséquence deux destinations entièrement différentes : l’une, concernant la matière « impure » et dégradée, vouée à la disparition définitive dans l’abîme ténébreux du néant, l’autre, s’agissant de la vie de l’Esprit, la possession de la certitude en la communion lumineuse dans l’éternité glorieuse.

Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 43-44.

Note.

[1] Les Instructions du Régime écossais rectifié aux différents Grades, notamment celles de la classe non-ostensible, soutiennent des propositions contraires à celles de l’Église sur beaucoup de points, en particulier au sujet du caractère de « nécessité » du monde créé, point à la fois « axial » et central de la « doctrine de la réintégration » puisque sans la prévarication l’univers matériel n’aurait pas été constitué, ainsi qu’au sujet de la « résurrection de la chair », l’Ordre, adhérant à une thèse que l’Église condamna constamment dans ses conciles et par ses docteurs, à savoir l’anéantissement post mortem du corps matériel charnel – qui réduit l’homme « à la condition des plus vils animaux » (sic), produit d’une « cause occasionnelle » ou « action secondaire », avec pour conséquence directe, quasi logique, que si ce corps de matière fut donné à l’homme en réponse punitive et en forme de sanction suite à la prévarication originelle, alors cette « forme de matière doit infailliblement « être anéantie,  « se détruire et se décomposer » et non « ressusciter », à l’image de ce qu’il advint pour le Divin Réparateur qui abandonna dans le tombeau son enveloppe charnelle pour se revêtir de son « corps de gloire » d’essence purement immatérielle, point sur lequel Willermoz insista d’ailleurs longuement dans le « Traité des deux natures ».