On ne comprend pas ce qui nécessiterait pour des chrétiens convaincus – sans compter les sévères peines et interdits prévus par l’autorité romaine s’appliquant à ceux qui se font recevoir en franc-maçonnerie -, d’attendre de longues années en se soumettant à des rituels étranges pour s’entendre énoncer, au final, un discours que chacun possède déjà depuis l’enfance dans son catéchisme.
L’Ordre est chrétien, et il l’est certes, mais d’une façon originale dans la mesure où le « christianisme » qui traverse en son entier le système édifié par Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), relève de bien autre chose sur le plan métaphysique que l’enseignement dispensé par les différentes « confessions chrétiennes » [1], ce qui explique d’ailleurs pourquoi a été établi un cheminement initiatique progressif pour en découvrir les vérités.
Sans quoi, on ne comprendrait pas ce qui nécessiterait pour des chrétiens convaincus – sans compter les sévères peines et interdits prévus par l’autorité romaine s’appliquant à ceux qui se font recevoir en franc-maçonnerie [2] -, d’attendre de longues années en se soumettant à des rituels étranges pour s’entendre énoncer, au final, un discours que chacun possèderait déjà depuis l’enfance dans son catéchisme.
Ainsi le Régime écossais rectifié, qui est, ne l’oublions pas, un pur produit de « l’illuminisme », tout en faisant des déclarations de « profession chrétienne » et n’accueillant en son sein que des chrétiens, se garda pourtant toujours de définir ce qu’il entendait sous le terme de « chrétien » – exigeant simplement des candidats à l’admission dans ses loges, non l’adhésion à des vérités dogmatiques, mais la croyance en Dieu et en l’immortalité de l’âme.
Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 19-23.
Notes.
[1] Un aspect assez surprenant, lorsqu’on prend conscience que le Régime rectifié s’édifie au XVIIIe siècle époque où les catholiques ne pouvaient accéder au texte sacré directement, ce qui n’est pas non plus sans nous faire comprendre que l’œcuménisme n’est point un vain mot dans l’Ordre, puisqu’il a accueilli des catholiques et des réformés pour prier Dieu en langue vernaculaire « en assemblée », hors des cérémonies présidées par les ministres de l’Église, peu de temps après les guerres de religion qui déchirèrent l’Europe
[2] Le caractère très précoce des condamnations pontificales fera que le rattachement à la franc-maçonnerie fut frappé, notamment dans les États catholiques à la différence de ceux où dominaient les églises issues de la Réforme, d’un fort interdit puisque le pape Clément XII, le 28 avril 1738, par la Bulle « In Eminenti apostolatum specula », Bulle renouvelée par Benoît XIV le 18 mai 1751 par la Constitution « Providas », fit défense à tout fidèle de s’y faire recevoir sous peine d’excommunication.