Joseph de Maistre déclarait dans son Mémoire au duc de Brunswick (1781), qu’il espérait « ajouter au Credo quelques richesses », ayant été profondément marqué par la lecture des écrits d’Origène (IIIe s.).

C’est Joseph de Maistre (1753-1821) qui est à l’origine du terme « christianisme transcendant », du moins en langue française, déclarant dans le XIe Entretien des Soirées de Saint-Pétersbourg : « C’est ce que certains Allemands ont appelé le ‘‘Christianisme transcendantal’’. Cette doctrine est un mélange de platonisme, d’origénianisme et de philosophie hermétique, sur une base chrétienne. Les connaissances surnaturelles sont le grand but de leurs travaux et de leurs espérances; ils ne doutent point qu’il ne soit possible à l’homme de se mettre en communication avec le monde spirituel, d’avoir un commerce avec les esprits et de découvrir ainsi les plus rares mystères [1]

Ainsi le même Joseph de Maistre déclarait dans son Mémoire au duc de Brunswick (1781), qu’il espérait « ajouter au Credo quelques richesses », ayant été profondément marqué par la lecture des écrits d’Origène (IIIe s.).

Il croyait en l’existence d’une tradition secrète, d’une discipline réservée ou « science de l’Arcane » – attitude partagée par les membres du Régime rectifié qu’y adhéraient, selon l’expression de Jean-Baptiste Willermoz, à la « sainte doctrine parvenue d’âge en âge par l’Initiation jusqu’à nous » [2], soutenant dans son Essai sur le Principe Générateur des constitutions politiques que les définitions dogmatiques furent imposées à l’Église, et qu’elles « cachent », plus qu’elles ne protègent, la Vérité : « Les saintes Écritures : jamais il n’y eut d’idée plus creuse que celle d’y chercher les dogmes chrétiens : il n’y a pas une ligne dans ces écrits qui déclare, qui laisse seulement apercevoir le projet d’en faire un code ou une déclaration dogmatique de tous les articles de foi […] jamais l’Église n’a cherché à écrire ses dogmes; toujours on l’y a forcée. La foi, si la sophistique opposition ne l’avait jamais forcée d’écrire, serait mille fois plus angélique : elle pleure sur ces décisions que la révolte lui arracha et qui furent toujours des malheurs […] L’état de guerre éleva ces remparts vénérables autour de la vérité : ils la défendent sans doute, mais ils la cachent […] le Christ n’a pas laissé un seul écrit à ses Apôtres. Au lieu de livres il leur promit le Saint-Esprit. ‘‘C’est lui, leur dit-il, qui vous inspirera ce que vous aurez à dire’’ [3]».

Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 15-17.

Notes.

[1] J. de Maistre, Les Soirées  de Saint-Pétersbourg, XIe Entretien, 1821.

[2]  Jean-Baptiste Willermoz, Ms 5.475, BM Lyon.

[3] J. de Maistre, Essai sur le Principe Générateur des constitutions politiques, § 15, P. Russand, Lyon, 1833.