Une question concerne le Régime rectifié, que l’on peut, à bon droit, désigner comme relevant de l’enjeu doctrinal a pour objet : la réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine, puisque ce Régime participe de l’expression la plus aboutie du courant « illuministe » français au XVIIIe siècle, et des thèses qui le fondaient en son essence.
Or cet enjeu doctrinal, précisément, qui est le cœur même de la perspective du Régime rectifié, permettant d’en comprendre l’origine, le sens et la vie – un enjeu doctrinal si souvent incompris, et parfois même comme on a eu, hélas ! bien trop souvent à le déplorer depuis des décennies, nié, contourné, refusé, travesti, modifié, transformé et combattu pour des motifs divers, qui relèvent d’orientations « profanes », qu’elles soient issues de convictions politiques ou théologiques, et qui toutes, se caractérisent par leur refus d’accepter et de respecter l’enseignement de l’Ordre -, est ce qui représente la spécificité même du système édifié à Lyon en 1778, en le distinguant, radicalement, de tous les autres rites maçonniques.
Le Convent des Gaules, dans ses décisions, a donc certes établi et constitué une Maçonnerie symbolique fondée non plus, comme auparavant, sur trois grades, mais sur quatre, conduisant à un Ordre de Chevalerie, dit « Ordre Intérieur », mais il a, d’abord et avant tout, édifié un projet initiatique absolument nouveau, dont l’objet spirituel, assigné en propre à ce système initiatique fondé à Lyon au XVIIIe siècle, fut clairement celui de la « doctrine de la réintégration ».
Ainsi, être fidèle à « l’esprit » qui présida à la Réforme de Lyon en 1778, c’est donc s’attacher à cette « doctrine » afin de la respecter, la travailler et l’approfondir, mais c’est aussi œuvrer à la mettre en pratique sur le plan initiatique, et savoir qu’elle est au centre, au cœur le plus intime et essentiel, de la vie interne du Régime rectifié qui, sans elle, sans la connaissance et le respect de cet enseignement doctrinal, ou séparé de lui pour des raisons diverses et variées, se retrouve dénué de sa finalité, dévié de sa mission, et totalement vidé de son sens.
Le Phénix Renaissant, n° Hors série, « 80ème Anniversaire de la constitution du Grand Directoire des Gaules (1935-2015) », 2016, pp. 10-11 ; 15-16.
(*) Sur ce point, le Régime est d’une rigueur tout à fait intransigeante et ne permet point, à quiconque, d’aborder des sujets politiques ou théologiques, considérés, en effet, comme « profanes » dans les établissements de l’Ordre : « Malgré tous les rapports de l’institution primitive avec la religion, les lois maçonniques interdisent expressément dans les Loges toutes discussions sur les matières de religion, de politique, et de toutes ‘‘sciences profanes’’. Cette règle est infiniment sage et doit être bien conservée, car nos Loges (…) ne sont point des écoles de théologie, de politique, ni d’autres objets profanes. D’un autre côté, vu la diversité des opinions humaines dans tous les genres, ces lois ont dû interdire toutes discussions qui pourraient tendre à troubler la paix, l’union et la concorde fraternelle. En supposant même que le terme final de l’institution maçonnique pût donner à ceux qui l’atteignent des lumières suffisantes pour résoudre précisément les questions et discussions religieuses qui auraient pu s’élever entre les Frères, s’il leur était permis de s’y livrer, où serait, dans les Loges symboliques, le tribunal assez éclairé pour apprécier leurs décisions et les faire respecter ? Ainsi donc, nous le répétons, les lois qui interdisent expressément toutes discussions sur ces matières sont infiniment sages et doivent être rigoureusement observées. » (J.-B. Willermoz, MS 5922/2 Bibliothèque de la ville de Lyon).
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