« L’étude sans la prière, a dit autrefois un sage, est un véritable athéisme et la prière sans l’étude, une vaine présomption. Celui qui croit pouvoir acquérir une vraie lumière par l’étude et sa seule force de son application, pense et agit comme un athée, et que celui qui présume que, pour obtenir la connaissance de la vérité, il lui suffit de la demander dans ses prières, sans faire aucun effort pour la découvrir et sans méditer sur ses voies, n’est qu’un homme présomptueux, lâche ou indifférent pour elle. Le premier n’acquerra qu’une science vaine et l’autre restera dans l’ignorance… »

Deux éléments sont absolument indissociables et ne peuvent aucunement être dissociés, faute de rendre impossible les « progrès dans les voies de la sagesse » selon l’expression de Jean-Baptiste Willermoz, sans lesquels nous demeurons des créatures privées de la nourriture essentielle en quoi consiste la « grâce », dont l’âme a vitalement besoin pour atteindre, en elle et non ailleurs il ne faut jamais le perdre de mémoire (Luc XVII, 21) [1], le lieu où peut « s’opérer » la mystérieuse rencontre avec « l’Être » incréé: « plus intime que l’intime de moi-même, plus élevé que les cimes de moi-même »[2].

Le premier de ces éléments est la compréhension que c’est Dieu seul, et uniquement Lui, qui est en mesure de réduire la distance qui nous sépare, pour ne pas dire nous éloigne et nous retranche objectivement, entièrement des réalités invisibles, et le second est la prise de conscience de la responsabilité qui nous incombe en nous disposant, par notre attitude d’acceptation bienveillante des vues célestes, à l’accueil de la volonté divine par une attitude d’ouverture priante vis-à-vis de « l’agir » divin en nous

Jean-Baptiste Willermoz est donc fondé lorsqu’il soutient en s’adressant à nous, comme pourrait le faire un directeur spirituel guidant les âmes vers les hauts sommets de la contemplation mystique – tout en nous indiquant comment avancer dans « l’œuvre de prière » en appelant la « Lumière » à se répandre dans l’âme, non pas les efforts humains limités mais en laissant agir la puissance de l’Esprit-Saint -, dans la connaissance véritable et authentique de Dieu :

« L’étude sans la prière, a dit autrefois un sage, est un véritable athéisme et la prière sans l’étude, une vaine présomption. Celui qui croit pouvoir acquérir une vraie lumière par l’étude et sa seule force de son application, pense et agit comme un athée, et que celui qui présume que, pour obtenir la connaissance de la vérité, il lui suffit de la demander dans ses prières, sans faire aucun effort pour la découvrir et sans méditer sur ses voies, n’est qu’un homme présomptueux, lâche ou indifférent pour elle. Le premier n’acquerra qu’une science vaine et l’autre restera dans l’ignorance. Initié, voici le mystère que la sagesse offre à ta pénétration : Cherche et tu trouveras : demande et l’on te donnera : frappe et l’on t’ouvrira [3]. »

Le Phénix Renaissant, « L’Être éternel et infini et le Régime Écossais Rectifié », n°6, 2020, pp. 103-105.

Notes.

[1] Il importe de mettre en relation la déclaration : « Mon royaume n’est pas de ce monde… » (Jean XVIII, 36), qui peut paraître énigmatique et mystérieuse si l’on se souvient que le Divin Réparateur est venu en ce monde, précisément, pour annoncer aux hommes l’avènement du « Royaume de Dieu » – « Les temps sont accomplis, le Royaume de Dieu est proche ; convertissez vous et croyez en l’Évangile » (Marc I,15) -, avec le passage de l’Évangile de Luc, dans lequel le Christ fait allusion à la « Présence » intérieure du « Royaume », en déclarant explicitement l’endroit où se situe ce lieu empli de la « Lumière » céleste : « Le royaume est à l’intérieur de vous. » (Luc XVII, 21).

[2] « Tu autem eras interior intimo meo et superior summon meo.»  (Saint Augustin, Confessions III, 6, 11).

[3] Jean-Baptiste Willermoz, Mes pensées et celles des autres. Allusion, évidemment dans cet extrait, à ce passage de l’Évangile selon saint Matthieu : « Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe.… » (Matthieu VII, 7).