« Dieu est pur Esprit, incorporel, sans aucune forme ni figure, Éternel et infini, sans commencement et sans fin, il est l’Être des êtres. Existant par lui-même de toute éternité, il est le principe unique et absolu de tout ce qui existe, il est un foyer immense de lumière, de Gloire, de Béatitude, et un abîme infini de Grandeur, de Sagesse, de Puissance et de toutes Perfections...»
Le rappel, très prononcé pour le moins, de la présence de « l’Être éternel et infini » au sein du Régime Écossais Rectifié, nous place étrangement, et de façon directe, par delà les évidentes références religieuses, en climat métaphysique, science qui considère, depuis Aristote (v. 384 – v. 322 av. J.-C.), « l’être en tant qu’être », et se donne pour objet cet « Être » en tant que tel, expliquant en conséquence « le terme “d’ontologie” (du grec ὄντος, « être », et λόγος, « science », « discours »), qui désigne l’essence de son objet.
La définition de Dieu comme « Être », en tant que « Créateur de toutes choses », constitue d’ailleurs chez Jean-Baptiste Willermoz une remarquable continuité dans sa pensée, puisqu’on trouve des réflexions étendues sur le sujet à une date relativement tardive, dans les textes qui reçurent le titre générique de : « Doctrine de Moïse », avec cette mention : « Doctrine, Instruction particulière & secrète à mon fils, 1818, composée en neuf cahiers » [1].
On peut y lire cette définition, qui complète et explique le sens de l’expression employée dans les rituels de l’Ordre, où Dieu est décrit comme « l’Être éternel et infini » :
« Dieu est pur Esprit, incorporel, sans aucune forme ni figure, Éternel et infini, sans commencement et sans fin, il est l’Être des êtres. Existant par lui-même de toute éternité, il est le principe unique et absolu de tout ce qui existe, il est un foyer immense de lumière, de Gloire, de Béatitude, et un abîme infini de Grandeur, de Sagesse, de Puissance et de toutes Perfections. Contenant en lui-même dans sa propre immensité tout ce qui existe ou peut exister ; il est le germe fécond, la source inépuisable de toutes Productions et émanations divines, et rien de ce qui existe n’a pu exister hors de lui, que par lui. Étant le principe de la vie et la vie même, tout être émané immédiatement de lui, devient participant à sa propre nature, immortel, indestructible, et ne peut jamais cesser d’être, parce que la vie ne peut engendrer la mort [2].»
Le Phénix Renaissant, « L’Être éternel et infini et le Régime Écossais Rectifié », n°6, 2020, pp. 25-26.
Notes.
[1] C’est Georg Franz Burkhard Kloss (1787-1854), médecin et historien allemand de la franc-maçonnerie, qui, le premier, effectua une copie des neuf cahiers doctrinaux envoyés à l’origine par Jean-Baptiste Willermoz à Jean-Frédéric de Turckheim (1780-1850) à Strasbourg. Cette copie initiale, réalisée par Georg Franz Burkhard Kloss, a été conservée dans le « fonds Kloss » de la bibliothèque du Grand Orient des Pays-Bas à La Haye.
[2] J.-B. Willermoz, Doctrine de Moïse, Doctrine, Instruction particulière & secrète à mon fils, 1818, composée en neuf cahiers, « De l’existence de Dieu démontrée à la raison humaine », Fonds Kloss, Grand Orient des Pays-Bas, La Haye.