La « perte » par l’Église « depuis le VIe siècle », de la doctrine aujourd’hui conservée par le Régime Écossais Rectifié, selon la formulation de Jean-Baptiste Willermoz, concerne l’ensemble des confessions chrétiennes, d’Orient comme d’Occident, qui ont adopté les décisions dogmatiques des sept premiers conciles.

Le Régime Écossais Rectifié, est issu d’un courant de pensée d’une extraordinaire et foisonnante richesse connu sous le nom « d’illuminisme », qui se caractérisa par une volonté de reconnaître au-dessus de l’homme un ensemble de vérités supérieures, dépassant largement les capacités de l’intelligence.

À la  croisée de très nombreuses influences, « l’illuminisme » va se nourrir des échos des Béguinages, des « Frères du Libre Esprit », de la Réforme, des textes des kabbalistes chrétiens de la Renaissance, des traductions des ouvrages des penseurs et philosophes de l’antiquité, de la mise à la disposition des écrits des visionnaires de l’Europe du Nord, le tout porté par le souffle d’un puissant renouveau mystique qui engloba les divers cercles spirituels européens. Ainsi le courant « illuministe » s’étendit sur une longue période de temps, et marqua profondément de son empreinte les esprits éveillés en quête des vérités supérieures.

C’est donc d’un « christianisme transcendant » dont participe le Régime Écossais Rectifié, assez éloigné en plusieurs points des dogmes énoncés lors de ses conciles par l’Église, « christianisme transcendant » issu de la tradition illuministe, d’autant que Jean-Baptiste Willermoz prit soin d’insister sur la « perte », du point de vue doctrinal, par l’Église depuis le VIe siècle, des grandes vérités aujourd’hui oubliées, voire même le plus souvent combattues et condamnées, affirmation qui, bien évidemment, ne peut être acceptée, ni par le Magistère romain et par les différents patriarcats orientaux, et ni même les courants issus de la Réforme [1].

Le Phénix Renaissant, « Régime Écossais Rectifié et christianisme transcendant », n° 4, 2018, pp. 23-24.

Note.

[1] Il n’est sans doute pas inutile d’insister sur le fait que l’affirmation de la « perte » par l’Église « depuis le VIe siècle », de la doctrine aujourd’hui conservée par le Régime rectifié, selon la formulation de Jean-Baptiste Willermoz, concerne l’ensemble des confessions chrétiennes, d’Orient comme d’Occident, qui ont adopté les décisions dogmatiques des sept premiers conciles, et non en particulier l’une d’entre elles, car toutes souscrivent aux positions définies par le deuxième concile de Constantinople (553), et notamment les anathèmes prononcés contre les thèses d’Origène – préexistence des âmes, état angélique d’Adam avant la prévarication, incorporisation d’Adam et sa postérité dans une forme de matière dégradée et impure en conséquence du péché originel, dissolution finale des corps et du monde matériel, etc. -, qui conservent toute leur force d’application sur le plan théologique et dogmatique.