« Il faut aujourd’hui, pour retourner à ce centre dont [l’homme] est descendu, qu’il remonte par le même chemin et qu’il paie à chacun de ses agents principaux le tribut d’expiation et de justice qu’il s’est imposé pour recouvrir les sept dons spirituels qu’il possédait dans la plénitude… »

Jean-Baptiste Willermoz explique, avec un remarquable sens de la pédagogie initiatique, dans le cadre du séminaire lyonnais qui était destiné aux disciples de Martinès de Pasqually désireux d’approfondir les enseignements laissés par le fondateur des Élus Coëns, employant l’image traditionnelle bien connue du chemin de « remontée », ascension réparatrice et rédemptrice qui peut se comparer à une élévation obtenue par le franchissement des différents niveaux ou paliers d’une  « échelle », permettant de dépasser l’état grégaire de la créature dégradée pour aller jusqu’aux cimes où la céleste lumière du « Verbe » a son séjour.

Même si ce sommet céleste semble, à vue immédiate, tout-à-fait inaccessible, l’effet de l’œuvre purgative entreprise avec discipline en étant attentive au respect et au développement des « vertus » cardinales » et « théologales », peut s’avérer d’une rare efficacité afin de se rendre apte à accueillir les dons gratuits de la « grâce » sanctifiante qui, quant à eux, possèdent une puissance réparatrice incomparablement supérieure à toutes les industries humaines, et sont en mesure de réaliser des transformations qui peuvent franchir et dépasser toutes les barrières limitatives, en conduisant l’âme de désir jusqu’aux marches du « Sanctuaire » :

« Il faut aujourd’hui, pour retourner à ce centre dont [l’homme] est descendu, qu’il remonte par le même chemin et qu’il paie à chacun de ses agents principaux le tribut d’expiation et de justice qu’il s’est imposé pour recouvrir les sept dons spirituels qu’il possédait dans la plénitude. C’est ce tribut d’expiation et de justice que l’homme doit commencer à payer ici-bas, quoiqu’il ne puisse pas l’acquitter pleinement tant qu’il est lié à cette forme de matière qui l’expose sans cesse à de nouveaux dangers. Son travail ici-bas est de se purger avec grand soin des sept vices, ou péchés capitaux, opposés aux sept vertus qui peuvent seules lui procurer les sept dons de l’esprit […] Comme l’homme est exposé à pécher spirituellement et corporellement, il est donc assujetti à une expiation spirituelle et à une purification corporelle. L’une et l’autre doivent être aussi unies que les deux natures par lesquelles il pèche. L’orgueil est le crime de l’esprit, c’est donc par l’humilité la plus profonde devant le Créateur qu’il faut le combattre ; les sens nous font la guerre, il faut donc les mortifier [1]. »

Le Phénix Renaissant, « La “réintégration” des êtres dans leur ‘‘ressemblance’’ divine, selon le Régime Écossais Rectifié », n° 9, 2024, p. 62-63.

Note.

[1] J.-B. Willermoz, Les leçons de Lyon aux élus coëns, n°103, mercredi 22 octobre 1776.