Ceux aussi qui, attachés exclusivement au sens littéral des traditions religieuses, ne veulent voir dans la forme corporelle de l’homme primitif avant sa chute, qu’un corps de matière comme celui dont il est actuellement revêtu, en y reconnaissant seulement une matière plus épurée, se trompent. »
Il est intéressant de remarquer que serait exclu de la maçonnerie rectifiée, selon l’étroite conception du dogme conciliaire, le fondateur du Régime Rectifié, c’est-à-dire Jean-Baptiste Willermoz lui-même, qui n’adhérait pas à l’idée d’une « résurrection de la chair », considérant qu’elle était destinée à « l’anéantissement dans le tombeau », ainsi qu’il l’explique :
« Quelle est donc la nature de cette nouvelle forme corporelle [celle du Christ après la Résurrection], et qu’est-ce qui constitue la différence essentielle de celle-ci sur la première ? C’est ce que demanderont ces hommes charnels et matériels qui ne voient rien que par les yeux de la matière, et ceux qui sont assez malheureux pour nier la spiritualité de leur être, et ceux aussi qui, attachés exclusivement au sens littéral des traditions religieuses, ne veulent voir dans la forme corporelle de l’homme primitif avant sa chute, qu’un corps de matière comme celui dont il est actuellement revêtu, en y reconnaissant seulement une matière plus épurée. C’est Jésus-Christ lui-même qui va leur prouver la différence essentielle de ces deux formes corporelles et leur destination, en se revêtant de l’une après sa résurrection, après avoir anéanti l’autre dans le tombeau [1]. »
Autre déclaration de Willermoz – qui entre temps avait écrit : « Les principes matériels et grossiers, semblables au cadavre de l’homme, restent sur la terre, réduits en cendres inanimées qui n’ont ni action ni vertus » [2]-, sur cette question de « l’anéantissement de la chair » après la mort, qui lui aurait fait, selon la conception dogmatique, refuser l’admission dans son propre système initiatique :
« Si par le néant dont ils accablent l’homme, ils veulent parler de son corps matériel, nous reconnaissons avec eux que ce corps est un néant, parce que la matière générale dont ce corps est une faible partie, n’ayant point de réalité, mais seulement une apparence qui doit disparaître un jour, est véritablement un néant ; mais le corps de l’homme peut-il être son être essentiel ? Pourquoi donc confondre son être réel avec son enveloppe passagère ? [3]»
Le Phénix Renaissant, « 90ème anniversaire de la constitution du ‘‘Grand Directoire des Gaules’’, et ‘‘réveil’’ du Régime Écossais Rectifié en France (1935-2025) », n° 10, 2025, p. 192.
Notes.
[1] J.-B. Willermoz, Le Traité des deux natures, MS 5940 n°5, Bibliothèque de Lyon.
[2] Fonds Bernard de Turkheim.
[3] Jean-Baptiste Willermoz, FM 509 (3e Cayer [C]), Bibliothèque Nationale de Paris, I. « De la liberté et des facultés des êtres spirituels et de leur émancipation ».