« Le Régime Rectifié place chaque « âme de désir » dans une relation immédiate avec le Verbe Rédempteur, de façon à permettre à chacun de recevoir la « grâce » nécessaire capable de le restaurer en plénitude dans la participation à la « Lumière » éternelle... »
Cette possibilité de « réintégration » dans leur état primitif, offerte aux hommes par l’intermédiaire du Christ qui en a donné un témoignage exemplaire lors de sa « Transfiguration », puis après sa « Résurrection » en se manifestant auprès de ses disciples, relève d’un point important caractérisant la conception propre au Régime Rectifié, qui est en cela foncièrement chrétien, introduisant une « médiation » céleste qui était certes déjà présente chez les Élus Coëns, mais avec un rôle nettement moins central, ceci dans la mesure où cette capacité de retour des fils d’Adam dans leur « première propriété, vertu et puissance divine », en raison d’une christologie ignorant la « double-nature » du Christ minorant la valeur réelle du sacrifice du Golgotha, incombait surtout aux esprits angéliques qui étaient sollicités et convoqués lors des « opérations » théurgiques.
À ce titre, la « voie initiatique » proposée par le Régime Rectifié, de par son caractère éminemment chrétien – même s’il s’agit d’un « christianisme transcendant » s’appuyant, selon Jean-Baptiste Willermoz, sur des connaissances perdues par l’Église depuis le VIe siècle -, se distingue nettement des méthodes enseignées par Martinès de Pasqually à ses émules, et place chaque « âme de désir » dans une relation immédiate avec le Verbe Rédempteur, de façon à permettre à chacun de recevoir la « grâce » nécessaire capable de le restaurer en plénitude dans la participation à la « Lumière » éternelle.
Ce point est un aspect tout-à-fait singulier de l’initiation en mode willermozien, qu’il importe impérativement de bien comprendre afin d’éviter des confusions entre les « voies » qui pourraient être dommageables au niveau spirituel, employant des méthodes qui, depuis la venue du « Divin Réparateur », sont aujourd’hui obsolètes, inefficaces, voire même, comme sut le préciser avec justesse et non sans une certaine force Louis-Claude de Saint-Martin, objectivement « inutiles » et « dangereuses », n’hésitant pas à déclarer à ceux qui en restaient, selon son expression, à une « initiation selon les formes » :
« …toutes les sciences que Don Martinès nous a léguées sont pleines d’incertitudes et de dangers […] ce que nous avons est trop compliqué et ne peut être qu’inutile et dangereux, puisqu’il n’y a que le simple de sûr et d’indispensable [1].»
Le Phénix Renaissant, « La “réintégration” des êtres dans leur ‘‘ressemblance’’ divine, selon le Régime Écossais Rectifié », n° 9, 2024, p. 115-116.
Note.
[1] L.-C. de Saint-Martin aux coëns du Temple de Versailles, mars 1778. Sur ce point important touchant à l’inefficacité des méthodes théurgiques pour s’approcher de Dieu, on se reportera pour de plus amples développements à : « Louis-Claude de Saint Martin et la théurgie des élus coëns », éditions Arché/Milano, 2022.