« Le secret du vrai culte en quoi consiste la religion véritable et non les cérémonies externes, se dévoile en pratique dans l’identité qui existe entre « vérité » et « révélation » de l’Esprit par delà la lettre de l’Écriture… »
Il apparaît de façon claire, que les principes essentiels du « christianisme transcendant » qui ouvrent sur la perspective de « divinisation », principes non fondés sur des dogmes figés dans le marbre mais relevant des lumières de « l’Esprit » qui n’ont pas à être « écrites », définies et figées dans des définitions, se doivent de demeurer libres et mystérieux :
« Parmi les Institutions savantes et religieuses les plus célèbres qui aient existé, il n’en est aucune qui n’ait couvert la Science du voile des mystères. Prenons-en pour exemple le Judaïsme et le Christianisme. Les Traditions Juives nous apprennent comment fut puni le Roi Ezéchias, pour avoir montré ses trésors aux Ambassadeurs de Babylone : et nous voyons par les anciens Rites chrétiens, par la Lettre d’Innocent I à l’évêque Décentius, et par les écrits de Basile de Césarée, que le Christianisme possède des choses de grande force et de grand poids, qui ne sont point et ne sauraient jamais êtres écrites [1]. »
Et en effet, Saint Basile de Césarée († 379), particulièrement dans son « De Spiritu », ainsi que la Lettre du pape Innocent Ier († 417) à Décentius de Gubio, portant sur le don de l’Esprit conféré par « l’onction d’huile ou l’imposition des mains », expliquent que le secret du vrai culte en quoi consiste la religion véritable et non les cérémonies externes, se dévoile en pratique dans l’identité qui existe entre « vérité » et « révélation » de l’Esprit par delà la lettre de l’Écriture, faisant que pour celui qui a été initié aux mystères, la science divine n’est autre que la « connaissance intime et intérieure de Dieu », « connaissance » qui est à la fois et dans le même acte, théorie du vrai culte et pratique de sa célébration [2].
Le Phénix Renaissant, « La “réintégration” des êtres dans leur ‘‘ressemblance’’ divine, selon le Régime Écossais Rectifié », n° 9, 2024, p. 103-105.
Notes.
[1] L.-C. de Saint-Martin, Tableau naturel, § XX, 1782. La description par Saint-Martin, des raisons qui conduisirent à la perte par la religion chrétienne de son caractère d’initiation, en la transformant en une religion d’État oublieuse des mystères de la « Révélation » primitive, fait l’objet d’un développement à la suite du texte cité, qui mérite d’être reproduit pour mieux comprendre la position de la « voie initiatique » se revendiquant du « christianisme transcendant », par rapport à ce que représente l’institution de l’Église visible : « Tant que ces choses qui ne sauraient jamais s’écrire ne furent connues que de ceux qui devaient en être les dépositaires, le christianisme jouit de la paix ; mais quand les empereurs Romains, fatigués de persécuter les chrétiens, désirèrent d’être initiés à leurs mystères ; quand les maîtres des peuples mirent le pied dans le Sanctuaire, et voulurent porter sur les objets les plus sacrés du culte des yeux qui n’y étaient pas préparés ; lorsqu’ils firent du christianisme une religion d’État, et qu’ils ne la considèrent que comme un ressort politique ; lorsque leurs sujets furent forcés de se faire chrétiens, et que l’on se vit ainsi dans le cas d’admettre sans examen tous ceux qui se présentaient ; alors naquirent les incertitudes, les doctrines opposées, les hérésies. L’obscurcissement devint presque universel sur tous les objets de la Doctrine et du Culte, parce que les plus sublimes vérités du christianisme ne pouvaient être bien connues que d’un petit nombre de fidèles, et que ceux qui ne faisaient que les entrevoir étaient exposés à des interprétations fausses et contradictoires. »
[2] Signalons que cette expérience a été admirablement décrite par Vladimir Lossky (1903-1958) : « La théologie chrétienne, est toujours, en dernier lieu, un moyen, un ensemble de connaissances devant servir à une fin qui dépasse toute connaissance. Cette fin dernière est l’union avec Dieu ou déification, la θέωσις des Pères grecs On aboutit ainsi à une conclusion qui peut paraître assez paradoxale : la théorie chrétienne aurait un sens éminemment pratique et cela d’autant plus qu’elle est plus mystique, qu’elle vise plus directement au but suprême de l’union avec Dieu. » (Cf. V. Lossky, Théologie mystique de l’Église d’Orient, Aubier, 1944, p. 7).