« La Maçonnerie conduit ceux qui le désirent et savent s’en rendre dignes, par la route des symboles et des emblèmes à des connaissances précieuses et secrètes qui découlent de la Religion primitive ; connaissances qui n’ont jamais abandonné et n’abandonneront jamais entièrement la terre tant que l’espèce humaine pour laquelle le Créateur les a départies, l’habitera… »
Sur ce point de la transmission dans le « secret » par les « initiés » des « connaissances précieuses invariables », Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), à une date indéterminée située vers les dernières décennies du XVIIIe siècle, voulut adjoindre des notes à l’instruction du 5ème Grade, touchant aux mystères spécifiques provenant, selon l’expression de Willermoz, du « christianisme le plus pur », participant de la « religion primitive », faisant que l’on peut dire avec une assurance certaine, que le Régime Rectifié fut bien conçu, dans l’esprit de son fondateur, pour être l’écrin de « l’Ordre mystérieux » qui est l’essence même de la « vraie maçonnerie », en ayant pour objet de se consacrer à l’étude et à la conservation de la doctrine de la réintégration dont l’Ordre est l’unique dépositaire de par l’Histoire, doctrine sacrée qui a un but essentiel et très élevé que peu d’hommes sont dignes de connaître, par ailleurs « doctrine sacrée » appartenant en propre au « Haut et Saint Ordre » :
« La Maçonnerie conduit ceux qui le désirent et savent s’en rendre dignes, par la route des symboles et des emblèmes à des connaissances précieuses et secrètes qui découlent de la Religion primitive ; connaissances qui n’ont jamais abandonné et n’abandonneront jamais entièrement la terre tant que l’espèce humaine pour laquelle le Créateur les a départies, l’habitera ; connaissances enfin qui ont été augmentées, enrichies et perfectionnées par l’Étoile flamboyante du Christianisme et qui ont dû rester en dépôt dans un Ordre quelconque et que nous avons appelé du seul nom qui puisse le caractériser le ‘‘Haut et Saint Ordre’’ [1].»
On l’aura compris, respecter l’essence de l’Ordre, en étant conscient de sa fonction de « gardien », « conservateur » et « dépositaire » de la doctrine participant des « connaissances précieuses et secrètes qui découlent de la Religion primitive » oubliées par l’Église, c’est faire en sorte qu’il perdure en étant fidèle à la mission qui est la sienne, effectivement de nature « ésotérique », sachant que loin d’être en « complète harmonie » avec la dogmatique ecclésiale et de présenter une « parfaite orthodoxie » vis-à-vis de cette dogmatique, la doctrine interne du Régime Rectifié s’en écarte sur de nombreux points, et non des moindres [2], la conscience de cette différence ayant pour fonction d’éviter les dérives qui se sont produites, qui modifièrent en sa totalité le projet willermozien au profit de conceptions étrangères à la perspective fixée, précisée et arrêtée, lors des Convents fondateurs, des Gaules (1778) et de Wilhelmsbad (1782).
Le Phénix Renaissant, « 90ème anniversaire de la constitution du ‘‘Grand Directoire des Gaules’’, et ‘‘réveil’’ du Régime Écossais Rectifié en France (1935-2025) », n° 10, 2025, p. 196-197.
Notes.
[1] J.-B. Willermoz, Ms. 5920-19, B.M. de Lyon.
[2] Pour rappel, de façon synthétique, voici les principaux points de la doctrine initiatique de l’Ordre provenant des thèses martinésiennes, qui n’ont fait l’objet d’aucune modification lors de leur introduction au sein des instructions du Régime Rectifié par Jean-Baptiste Willermoz, s’opposant point par point à l’enseignement de l’Église : émanation des âmes par identité de substance, création du monde, non par l’effet d’un don d’amour mais imposée à Dieu par « nécessité » suite à la prévarication des démons afin de les emprisonner, et d’être pour eux un lieu d’exil et de privation, par ailleurs, ce qui souligne le caractère de décision contrainte « nécessaire », création réalisée non par Dieu mais par l’intermédiaire des anges, enveloppe charnelle de l’homme dont il fut revêtu après sa désobéissance coupable, considérée comme une enveloppe corporelle animale, faite de matière impure et ténébreuse, destination uniquement immatérielle de l’esprit après la mort, rejet de la croyance en la résurrection de la chair, et enfin destination finale à l’anéantissement de l’univers lors de la réintégration.