« Chrétiens, ne vous faites donc pas illusion, et quelles que soient vos opinions sur l’état des âmes justes qui quittent ce monde, n’oubliez jamais que rien d’impur ne peut entrer dans le Ciel, et que celui qui emporte avec lui la moindre souillure ne peut habiter avec Celui qui est la pureté et la sainteté mêmes. Soyez donc pleins d’amour et de reconnaissance pour ce Dieu bon qui, connaissant votre faiblesse, a établi pour vous des moyens d’expiations et de purification satisfactoire. »

Notre séjour terrestre doit ainsi nous servir, pour celui qui a pris conscience des enjeux spirituels qui sont en train de s’accomplir au travers de sa chétive existence, de lieu d’éradication des scories délétères de l’ancienne nature, de brasier purificateur, de façon à ce que la créature puisse, au terme de sa vie, se présenter sans trop de souillures devant l’Éternel.

D’ailleurs, si ce passage en ce monde n’était point suffisant pour obtenir une parfaite réhabilitation, ce qui arrive dans la majorité des cas à cause de la noirceur de l’âme humaine, la Justice Divine a précisément prévu une seconde étape, un autre domaine capable de poursuivre l’œuvre commencée sur la terre, est a installé, dans les cercles de purification, « un lieu de souffrances expiatoires, à différents degrés, et de privation purificatoire, dans lequel [l’homme] pourra accomplir son œuvre, et mériter sa parfaite réconciliation ; car c’est là que souffrant autant et aussi longtemps que l’exige la Justice, mais heureux par une ferme espérance, il payera sa dette jusqu’à la dernière obole [1]

Mais, c’est surtout à l’image du Christ, dès ici-bas, que nous devons sacrifier notre volonté rebelle, en crucifiant nos jugements, en faisant taire notre insoumission, réalisant, sur nous-mêmes, la jonction des deux triangles, c’est-à-dire des deux natures que nous possédons, générant et rendant visible l’emblématique figure du « Sceau de Salomon », symbole frappé en son centre de la lettre « H » désignant, derrière Hiram, le Réparateur universel, que les Maîtres Écossais de Saint André du Régime Écossais Rectifié portent suspendu en sautoir.

Le Phénix Renaissant, « La Science de l’Homme», Éclaircissements sur la double nature, n° 5, 2019, pp. 81-82.

Note

[1] L’avertissement solennel de Willermoz est tout à fait catégorique : « Chrétiens, ne vous faites donc pas illusion, et quelles que soient vos opinions sur l’état des âmes justes qui quittent ce monde, n’oubliez jamais que rien d’impur ne peut entrer dans le Ciel, et que celui qui emporte avec lui la moindre souillure ne peut habiter avec Celui qui est la pureté et la sainteté mêmes. Soyez donc pleins d’amour et de reconnaissance pour ce Dieu bon qui, connaissant votre faiblesse, a établi pour vous des moyens d’expiations et de purification satisfactoire. » (J.-B. Willermoz, Traité des deux natures, Bibliothèque Municipale de Lyon,  Fonds Willermoz, ms 5940 n° 5).