La « Science de l’Homme » s’adapte mieux à ceux qui reconnaissent leur faiblesse, leur dégradation & leurs besoins, qu’à ceux qui croient tout savoir, qui s’efforcent de le persuader, & qui prouvent par là leur ignorance des choses qui sont au-dessus de leur portée, ainsi que leur peu d’aptitude à s’en instruire.

La « Science de l’Homme » est une lumière qui se délivre comme un don aux humbles, à ceux qui savent reconnaître leur faiblesse, leur dégradation et leur misère, à ceux qui battent leur coulpe et ne se complaisent pas dans la basse vanité en se faisant les chantres et louangeurs de leur propre gloire, et les admirateurs de leurs prétendues connaissances : « Elle s’adapte mieux à ceux qui reconnaissent leur faiblesse, leur dégradation & leurs besoins, qu’à ceux qui croient tout savoir, qui s’efforcent de le persuader, & qui prouvent par là leur ignorance des choses qui sont au-dessus de leur portée, ainsi que leur peu d’aptitude à s’en instruire. Telle est la définition de la vraie science en général, telle que je l’ai entendu donner plus d’une fois à des hommes peu connus, mais qui ont su me prouver avec évidence que cette définition était juste & sans réplique [1]. »

De la sorte, cette vérité révélée par la « science maçonnique », est conditionnée à une exigence impérative et déterminante : la disposition amoureuse, confiante et soumise du cœur envers l’Être Suprême. Une disposition sans laquelle, tout savoir n’est qu’un vain bavardage, toute intelligence qu’un inutile et stérile développement livresque, toute connaissance qu’un simple vernis superficiel qui ne saurait tromper ceux qui, depuis longtemps, avec constance et sincérité, cheminent pieusement vers le Sanctuaire dans le « secret » et « l’humilité » [2] : « Mais comme elle exige des élans d’amour, de confiance & de soumission envers le Souverain Être, dont on ne se sent pas toujours capable, on préfère souvent d’errer dans le vague, & de nier sans preuve son existence, & même de la couvrir de ridicule, ainsi que ceux qui la cherchent ou qui la cultivent, sans faire attention qu’on s’en couvre soi-même aux yeux de ceux qui en sont juges plus compétents & que ce langage usé ne saurait ébranler [3]

Le Phénix Renaissant, « La Science de l’Homme» Éclaircissements sur la double nature, n° 5, 2019, pp. 13-14.

Notes.

[1] Cf. Actes du Convent de Wilhelmsbad, « Préavis du Fr. ab Eremo, Gr. Chancelier de la II° [Province]

[2] «Humilions-nous, mais sincèrement, mais profondément, et notre humilité vaudra mieux pour nous que les plus grands talents, mieux que tous les succès que nous pourrions avoir dans les emplois même les plus saints et dans les plus excellents ministères, mieux que tous les miracles que Dieu pourrait opérer par nous : comment cela ? parce que l’humilité et le secret seront pour nous une voie de salut beaucoup plus sûre. Plusieurs se sont perdus par l’éclat de leurs talents, de leurs succès, de leurs miracles : nul ne s’est perdu par les sentiments d’une vraie et solide humilité. » (Cf. P. L. Bourdaloue, Pensées diverses sur l’orgueil et l’humilité, t. I. 1733).

[3] Cf. Actes du Convent de Wilhelmsbad, op.cit.