« L’Ordre n’a plus, contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, aucun lien avec l’Église et surtout ses dogmes dans leur conception actuelle. Ses membres […] n’imposent la pratique d’aucun culte. »

 

Camille Savoire (1869-1951) souligna certes le caractère « chrétien » du Régime Rectifié, mais se revendiquant cependant d’un christianisme non dogmatique, insista sur le fait que l’Ordre, qui a répudié l’idée d’une filiation avec l’Ordre des Templiers tout en voyant en ses membres les victimes de l’intolérance politique et ecclésiale, n’a aucun lien avec l’Église – désignée par le terme de « religion chrétienne » -, et que sa morale est commune à toutes les religions ainsi qu’aux écoles philosophiques antiques :

« Que les légendes historiques communes à tous les Rites dits Templiers, en rappelant l’origine de cet Ordre célèbre indiquent que sa fondation fut inspirée par le désir de lutter pour le triomphe de la foi chrétienne sur les infidèles, ce qui fut l’objet des Croisades, il ne s’ensuit nullement que le Rite rectifié, après avoir, au Convent des Gaules, répudié toute filiation historique avec ledit Ordre des Templiers dont il veut commémorer simplement la Mémoire en tant que victimes de la Superstition et de l’Intolérance religieuse et politique, fasse de ce désir son but.

 L’Ordre n’a plus, contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, aucun lien avec la religion chrétienne [ndr. « l’Église »] et surtout ses dogmes dans leur conception actuelle. Ses membres en Helvétie sont en majorité d’origine protestante, mais n’imposent la pratique d’aucun culte. Il se réclame simplement de cette morale qualifiée chrétienne, mais commune à plusieurs religions anciennes, bouddhique, persane, judaïque et à certaines écoles philosophiques grecques ou latines […] et qui se résume dans l’Amour du prochain. L’Ordre n’a jamais eu pour but la restauration d’aucun culte et ses légendes historiques n’ont qu’un caractère symbolique et n’impliquent nullement l’attachement à un dogme quel qu’il soit [1]. »

À propos de cette question du caractère hautement spiritualisé du Régime Rectifié, Savoire déclarait de façon magnifique :

« Je reconnais que c’est lors de mon admission au sein du Rectifié que j’ai trouvé le chemin de l’initiation et compris le caractère initiatique de la Franc-maçonnerie… [2].»

Le Phénix Renaissant, « 90ème anniversaire de la constitution du ‘‘Grand Directoire des Gaules’’, et ‘‘réveil’’ du Régime Écossais Rectifié en France (1935-2025) », n° 10, 2025, p. 101-102.

Notes.

[1] C. Savoire, Regards sur les temples de la Franc-maçonnerie, op. cit., p. 331-334.

[2] Cf. P. Noël, Le Rite Écossais Rectifié en France au XXe siècle, Cahiers Villard de Honnecourt, n°45, 2ème série, 2001, p. 36.